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                         CHEZ MÉCÈNE




                             * *

Horace a détaché ses tablettes d'ivoire;
Il les parcourt, et dit, en relevant les yeux :


               « A        LICIN1US.


« Il faut, Licinius, vivre comme le sage,
Ne pas toujours pousser au large, par orgueil,
Ni de trop près serrer, par crainte de l'orage,
        Le rivage où baigne Técueil.


« La médiocrité dorée orne la vie.
Celui qui sait l'aimer jouit d'un calme heureux,
Loin des riches palais que le vulgaire envie,
       Et loin des bouges ténébreux.


« L'aquilon plus souvent courbe dans les campagnes
Les pins, arbres géants. La plus haute des tours
Tombe plus lourdement. La foudre, des montagnes
        Frappe les cîmes tous les jours.


 « Un cœur bien préparé, dans le malheur, espère,
Et craint au jour heureux un triste lendemain.
Jupiter, à son gré, chasse, envoie ou tempère
         L'hiver d'un geste de sa main.


« Ta vie est sombre ? attends, elle sera meilleure.
Apollon quelquefois excite par son luth
La Muse qui sommeille, et son arc, à toute heure,
       Ne cherche pas un nouveau but.
N° 58. - Octobre 1885.