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                 GEBHARD TRUCHSESS DE WALDBOURG                    253

électeur de Cologne. Sa conduite, à quelque point de vue qu'on se
place pour la juger, ne peut être approuvée. En voulant conserver
ses états, malgré la réserve ecclésiastique, il viola en même temps les
droits de l'Église catholique et la constitution de l'empire d'Allema-
gne. Aussi eut-il à la fois contre lui le pape, l'empereur, les trois
électeurs protestants de Saxe, de Brandebourg et du Palatinat, et
jusqu'à son prédécesseur sur le siège de Cologne, Salentin d'Isen-
bourg, qui avait embrassé le protestantisme. S'il avait eu le droit de
changer de religion, c'aurait été à la condition de suivre l'exemple
de Wied et de Salentin, et de renoncer à des états qu'il n'avait reçus
que comme prince ecclésiastique.
   Après avoir abandonné le catholicisme et la vie ecclésiastique, il
n'eut aucune des vertus d'un prince laïque. Au lieu de soutenir
lui-même sa cause, il laissa ce soin à ses partisans. Les vertus pri-
vées ne lui firent pas moins défaut que les vertus publiques. Non
 seulement il viola le serment qu'il avait prêté au concile de Trente,
mais il eut l'hypocrisie de se faire ordonner prêtre, afin de conserver
son crédit en trompant ses sujets, et de changer de religion, d'ab-
jurer le catholicisme, et d'embrasser, d'abord le calvinisme, puis le
luthéranisme, sans conviction, dans un intérêt uniquement tempor
rel, pour satisfaire plus librement une passion peu honorable et
s'assurer des alliés. Il n'obtint de la reine Elisabeth d'Angleterre que
le mépris qu'il méritait.
   Eût-il été un prince laïque ou un simple particulier, ses moeurs
devraient encore être condamnées, car son ivrognerie n'était pas
plus digne d'un protestant que d'un catholique. Quant à son atta-
chement pour Agnès de Mansfeld, attachement que vante Barthold,
et dont il fait un modèle de fidélité allemande, (x) on doit l'attribuer
 surtout à la faiblesse de son caractère, faiblesse que ne montre que
trop, d'ailleurs, l'influence qu'aurait exercée sur lui le magicien
Scotto, et ne pas oublier qu'il n'épousa sa maîtresse que parce qu?il
fut menacé de mort.
   On a cherché à entourer sa vie d'une auréole de poésie, à laquelle

  (1) Barthold, 73-98-99.