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36 LA REVUE LYONNAISE cer! quels tableaux à faire! quelles intrigues à dérouler! intrigues d'amour, d'ambitions, de haines, de races, de dévouement, de patriotisme, de vertus ! Comme l'histoire se pliait à l'épopée, et comme la scène se prêtait aux descriptions, avec le Bosphore, la Corne d'or, la flotte immense, Galata, Péra, l'arsenal, la vaste place de l'Hippodrome, créée par Sévère sur le plan du cirque de Rome, aujourd'hui l'Atmeïdan, Sainte-Sophie et l'immense développement de la ville entière qui couvre plaines et collines et offre le plus splendide coup d'œil que le voyageur puisse contempler ! Homère et le Tasse, dans leur génie, n'eussent rien désiré de mieux. Mais, puisque notre poète s'attaquait à ce théâtre sublime, son premier devoir était de le visiter et d'étudier la scène où il allait faire mou- voir ses héros. Le drame de Théodora, qu'on joue en ce moment, montre le parti qu'il en eût pu tirer. Retenu par les devoirs de sa profession, il n'a pu faire qu'une esquisse de la fresque immense qui s'offrait à son pinceau. Constantin, le vaillant et puissant empereur, aime une ravissante jeune fille, Théodora, fille de l'ambassadeur de Venise, tandis que la raison d'État l'oblige à épouser Marie, veuve du sultan Amurat et fille du prince de Servie. Marie, jeune, belle entre toutes, est chrétienne. Elle aime Constantin. Au moment de l'épouser, elle devine qu'il aime ailleurs, et le trouble de Théodora lui indique sa rivale. Elle confie ses chagrins à Vérine qui jure de la venger. Théodora est avertie que son père est malade à Galata; elle veut y courir, mais elle a donné dans un piège, et les matelots de sa barque la font prisonnière. Elle va mourir, quand elle est délivrée par l'empereur lui-même, qui s'est jeté dans une barque avec de vaillants amis. Théodora est conduite auprès de son père qui n'a jamais été souffrant. Marie est désespérée de voir que c'est Constantin lui-même qui a délivré la jeune Vénitienne. Elle annonce qu'elle ne peut se marier, qu'elle s'est vouée à Dieu, et qu'elle va entrer dans un couvent. Elle part, et l'empereur fait peu d'efforts pour la retenir. Cependant, un musulman réfugié à Constantinople, Orkan, que la pensée de sa patrie obsède, sollicite la faveur de retourner auprès