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22                       LA REVUE LYONNAISE

çaise. Les écrivains du xvne siècle ont rendu des services réels.
Nous ne voulons pas être injuste à leur égard, comme Boileau l'a été
vis-à-vis de ses prédécesseurs. Mais ceux-ci, et surtout Ronsard, lui
en avaient rendu de plus grands. Ils avaient en quelque sorte défri-
ché le terrain, pétri la langue, et l'on peut fort légitimement douter
que, sans eux, Corneille, Racine et Boileau tout le premier eussent
conduit ce merveilleux instrument au point de perfection où nous le
voyons.
   La conclusion de cette longue digression n'est pas qu'il faut
retourner au vieux français, mais qu'on peut y trouver, avec de
savoureuses grappes à glaner, de bons et utiles exemples à imiter.
   N'y apprendrions-nous, pour aviver la prose à laquelle les temps
nous condamnent, que ce mélange de simplicité et de hardiesse qui
caractérisent la poésie de nos pères ? nous n'aurions pas perdu notre
 temps.
                                       *


  Avant d'aborder l'appréciation littéraire des œuvres de Gamon,
nous allons reproduire ou résumer brièvement ici les jugements
déjà portés par les rares écrivains pour qui elles n'avaient point passé
inaperçues.

                                     * *

   Un poète tombé, non injustement peut-être, dans l'oubli le plus
 complet, Abel d'Argent, place Gamon au même rang que du Bartas,
 dans un sonnet qui se trouve en tête de son ouvrage, intitulé égale-
 ment la Semaine, publié à Sedan, in-8°, l'an 1632.

             Bartas, grave écrivain d'une docte sepmaine,
             A donné ce qu'on peut acquérir des neuf Sœurs ;
             Sa plume doux-coulante es célestes douceurs
             A puisé le nectar de sa faconde veine.

             Gamon, comme un soleil, sur l'horizon ramaine
             Des muses les attraits, les grâces et les fleurs.