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                               PHILIPPE LANG                        377

furent expulsés. Un frère de Belgiojoso, également feld-maréchal au
service de l'Autriche, Jean-Jacques Belgiojoso, brouillé aussi avec
Rosswurm, saisit l'occasion de se venger lui-même en vengeant son
frère. Plus habile que Rosswurm, il fit remettre à Lang une forte
somme, vingt mille thalers, dit-on. C'était la perte de l'infortuné
feld-maréchal. Des électeurs, des princes de l'Empire eurent beau
écrire à Rodolphe II en sa faveur, Lang retint leurs lettres ; Rosswumr
eut beau protester de son innocence, l'Empereur n'en sut rien. Lang
disposait des juges, Rosswurm fut condamné. Un parent du feld-
maréchal apporta au palais un recours en grâce. Lang reçut l'écrit
dans l'antichambre, entra chez l'Empereur, et, sans lui avoir rien
demandé, en ressortit aussitôt, en déclarant que l'Empereur ordonnait
l'exécution. Le 29 novembre 1605, Rosswurm fut décapité à Prague.
Lang fut son héritier. (1)
   Après avoir accumulé de grandes richesses, le valet de chambre
craignit de les perdre. La faveur de l'Empereur, si assurée qu'elle
parût, pouvait lui échapper, car, si nul n'osait encore l'accuser, per-
sonne n'ignorait ses crimes. Dès l'année 1606, il convertit en argent
une partie de son immense fortune, et la mit à l'abri dans un repaire
de juifs, à Augsbourg.
   Les archiducs, les parents de Rodolphe II avaient fini par se
révolter contre son indigne gouvernement. Mathias, l'aîné, se mit à
leur tête. Rodolphe, se voyant directement menacé, sortit de sa
torpeur, et commença à se douter que la conduite de son favori pou-
vait bien ne pas être étrangère aux embarras qui venaient l'arracher
à sa quiétude- La faveur se perd toujours plus vite qu'elle ne
s'acquiert. Il en est d'elle comme de certaines étoffes : une maille
rompue, tout se défait.
   Lang fut accusé d'avoir volé, empoisonné; d'avoir vendu des
charges, livré des secrets d'État. Arrêté le i er juin 1608, il fut con-
damné, dans les premiers jours de novembre 1609, à un emprison-
nement perpétuel et à la perte de tous ses biens. La peine ne fut pas



  (1) Voir Barthold : Hermann Çhristopher von Rosswurm,