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PHILIPPE LANG 373 bien et apporta la somme. Lang la reçut, mais ne donna pas la charge. Il eut un jour l'idée d'en donner une à quelqu'un qui ne l'avait pas demandée, mais qui, sans doute, pouvait la bien payer. Elle fut néanmoins acceptée. Au bout de peu de temps, le nouveau fonctionnaire se vit renvoyer sans savoir pourquoi. Fort heureuse- ment pour lui il apprit, assez à temps, que c'était parce qu'il n'avait pas payé le valet de chambre. Il paya et garda la place. Lang, ce jour-là , put se croire honnête : il n'avait volé que son maître. Quiconque recevait un présent de l'empereur devait en laisser à Lang le tiers ou la moitié. Lorsqu'il était en veine de générosité, il refusait pour lui-même, à la condition que l'on donnerait à sa femme. Il ne négligeait pas les petits profits. Ayant un jour reçu de Rodolphe é,ooo florins de belle monnaie, pour les distribuer aux serviteurs de la cour, il les garda pour lui et distribua des pièces usées. Il convoi- tait un jardin : il n'eut, pour l'avoir, qu'à menacer le propriétaire de la disgrâce de l'empereur. Les marchands de Prague avaient beaucoup de peine à échapper à sa rapacité. S'il achetait, il ne payait pas ; et si on refusait de lui vendre, il faisait saisir les marchandises comme étant de contrebande. Il prenait à son maître ses chevaux, son gibier. Sa table était mieux servie que la sienne. Il s'établit presque toujours dans les âmes une sorte de niveau moral; on ne peut guère posséder une vertu sans les posséder toutes; et il est rare qu'un vice n'entraîne pas tous les autres à sa suite. Chez Lang les mœurs ne valaient pas mieux que la probité. Lang avait deux fils. L'aîné, André, obtint de bonne heure une charge de chambellan à la cour de Prague, et épousa, en 1606, une jeune fille appartenant à la famille bourgeoise et patricienne des Imhof d'Augsbourg. L'avarice de Lang ne laissait passer aucune occasion : il avait promis à son fils André 5,000 florins de dot; il ne les paya pas. Le mariage eut lieu en grande pompe, au château impérial de Prague. L'année suivante, André Lang eut une fille, et l'empereur lui-même en fut le parrain. Son second fils, Ferdinand, avait été destiné à l'état ecclésiastique. Il lui fit donner de bonne heure de riches bénéfices, entr'autres l'abbaye de Porno en Hongrie. Le chapitre d'Agram, qui la possé-