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                                PHILIPPE LANG                          371

    Lang avait vingt-cinq ans environ, lorsqu'il entra au service de la
branche de la maison d'Autriche qui régnait en Tyrol et qui avait
 alors pour chef l'archiduc Ferdinand, second fils de l'empereur
Ferdinand I er . Il exerça à Innsbruck, où il possédait une petite mai-
son, la charge de Burgvogt ( i ) qui lui rendait 300 florins par an.
On croit qu'il fut introduit à la cour de l'empereur Rodolphe II par
le margrave Charles de Burgau, ancien gouverneur de Hongrie, fils
de l'archiduc Ferdinand de Tyrol et de Philippine Welser. Il y
obtint une charge de valet de chambre vers l'année 1601.
    Ce personnage, qu'une longue série de crimes allait enrichir,
transportait alors toute sa fortune mobilière d'Innsbruck à Prague,
sur un seul charriot. Il se servait de vaisselle de terre, et faisait cadeau
à sa femme d'une chaîne en cuivre. S'il n'avait pas encore réussi à
faire fortune, son honnêteté n'y était pour rien, car il avait déjà
commis un faux : il avait falsifié la signature et le sceau de l'archiduc
Ferdinand, afin de procurer à un comte Truchsess de Scheer le
Trostburg, c'est-à-dire probablement une maison ou une terre sei-
gneuriale. (2) Le crime fut découvert, et Lang, emprisonné, (3)
 faillit être pendu; il s'en tira on ne sait comment. La poursuite
 continua néanmoins contre Scheer. Elle durait encore en 1606.
Lang, son complice, alors au pouvoir, la fit abandonner.
    Il paraît singulier, au premier abord, que, après un pareil début
 Lang ait pu entrer à la cour de Prague et devenir le favori de l'em-
 pereur. L'étonnemeni diminue, lorsqu'on se rappelle que Rodolphe II
 était fou. L'empereur, incapable de vivre sans être gouverné, avait
 alors pour premier valet de chambre, chargé de diriger toute la
 domesticité de la cour, un chevalier nommé Jérôme Machowsky de
 Machau. C'était un utraquiste, peut-être même un picard, en tout
 cas un adversaire acharné des catholiques. Il n'en avait pas moins
  obtenu toutes les faveurs de Rodolphe H. C'est le propre des carac-
 tères faibles de se laisser gouverner par ceux qui les approchent de


   (1) Avoué du château?
   (2) Hurter ne dit pas Ce qu'était le Trostburg.
   (3) A la tour aux herbes.