page suivante »
298 LA REVUE LYONNAISE Corbî'cula = corbz'lli, corbeille ; Molkre = molô, lâcher une corde Tonwre = tomô, tourner; doucement. Remarques. — 1. Dans op(e)n're = urn, coop(e)rire = currî, 0 bref a été trans- formé en u sous l'influence de la labiale. Phénomène analogue à ceux signalés à propos de furrz* (n° 62, ex. de E bref rem. 4) et de sublo* (n° 68, rem. 4). 2. Dorrmre == drumz, dormir : fait doublement curieux et par la métathèse de r et par l'insolite du changement de 0 bref entravé en u. Au xme siècle, Marg. d'Oyngt avait déjà adurmz'. Peut-être introduit du v. provenç. adurmz'. Le Limou- sin a encore durmz' ; mais l'explication n'explique rien, car ces dialectes, suivant les règles de leurs phonétiques, devraient honnêtement avoir adormî, dormz. 71. O entravé par ST ou SS = OU (comp. n° 41) : Gustare = goutii, goûter ; Co(n)stare = coutô, coûter. De grossum = groussz, grossir; Remarque. — Cependant de costa (en lyonnais coûta, côte) = décotelô, défaillir. Peut-être à cause d'une sorte d'entrave tl : décot(e)lô. Je donne cette explication pour ce qu'elle vaut, c'est-à -dire, je crains, une faible somme. 72. O fermé ou ouvert, libre ou entravé, plus nasale non suivie d'une voyelle = ON : Domitare = dondô, surmonter ; Mundflre = mondô, éplucher. Consi'lium = consaz, conseil; Remarques. — 1. La nasalisation a pris un caractère plus marqué d'acuité dans de condz're = quindî/ra, sauce, graisse, beurre, etc., en assaisonnement. Quindwre est le mot de Lyon, Givors, Vienne, et c'est, je crois, le plus général, peut-être parce que c'est lui dont on se servait à la maison dans mon enfance. Pourtant Cochard donne condzzra, coindwra et quiondura. A Riverie on dit « cundgz la sopa » la saler, et à l'autre extrémité du Lyonnais, sur les frontières du Roannais, on dit exactement condz". Comme un philologue ne doit jamais rester court, j'explique cela par les brouillards du Rhône qui, en nous enrhumant du cerveau, nous auront fait parler du nez. 2. Comme ON tonique (v. n° 43, remarque), UN, UM. protonique passe quel- quefois à AN : Defonda= frandô, lancer avec force (1) ; Umbih'cum = ambounz", nombril. (1) Signifie aussi, en terme de roulier, biller un chargement.