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                           ESSAI DE PHONÈTIQ.UE LYONNAISE                                                 289



             VOYELLES PROTONIQUES

   De même que nous avons appelé voyelles />05/-toniques celles
qui sont après la tonique, de même nous appellerons protoniques
celles qui sont avant. (1)
   Nous les distinguerons en :
   Voyelles initiales, c'est-à-dire placées au commencement du mot;
   Voyelles médiales, c'est-à-dire placées dans l'intétieur du mot,
mais, bien entendu, toujours avant la tonique. (2)


                              PROTONIQPES INITIALES
    58. A, libre ou entravé, = A :

                                EXEMPLES DU PREMIER CAS

Platanum := platana, platane;                              Parietem = parey, muraille;
Ap/cula = avïlli, abeille ;                                Ail. wan'r = gari, guérir ;
Tabanum = tava«, taon;                                     Salli'ta = salua, oseille;
Caballa = cavola, jument ;                                 Canalem = chano, gouttière ;
Avarum = avaro, avare;                                     Arnare = amô, aimd, aimer;
Avena = avena, avoine ;                                    Camz'nus = chamtn, chemin.
Aratrum = aroro, sorte de charrue ;


  (1) Un romaniste très distingué, M. Chabaneau, les nomme avléloniques, mot infiniment mieux composé
que protoniques, puisque dans post-toniques le préfixe est latin, et que, dans protoniques, il est grec. Ante latin
est au contraire l'opposé exact de post. Nos composés modernes fourmillent de ces f hybridations. » Néan-
moins protonique a prévalu. Possible a-t-on jugé que, pour des esprits superficiels, des voyelles antèloniqucs
supposaient pour contre-partie des voyelles tétoniqiies, ce qui eût prêté à une équivoque inconvenante. Si
j'avais osé, je les aurais nommées préioniques, ce qui eût tout concilié, linguistique et morale. Mais j ' a
pensé que c'était déjà une assez grande témérité d'avoir écrit yolte au lieu à'yod ou ioâ, comme on l'a fai
jusqu'ici. J'avais, il est vrai, des motifs graves pour me déterminer à cette innovation hardie. Un pharma-,
cien m'avait dit un jour que, pour faire de la philologie, je devais au préalable posséder quelque teinture
d'iod j à quoi je pouvais d'autant moins répondre que l'iod est en effet une fiicative. Ce déplorable jeu de
 mots me dégoûta profondément de l'étude de la philologie. Je ne m'y remis que-longtemps après, lorsque
par ce que j'oserai appeler un éclair de génie, j'imaginai de me soustraire à un nouveau coup de ce genre
en écrivant yolte.
  (2) On les nomme aussi protoniques non initiales,       mais il est plus simple de précéder par expressions
positives.

                N» 52. -     Avril 1 8 8 ; .                                                 19