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TRÈS HUMBLE ESSAI DE PHONÉTIQUE LYONNAISE (Suite et fin. — Voir la Revue lyonnaise, t. IX, p. 198). 55. A -{- S = E (prononcé muet) dans tous les pluriels de la première conjugaison; peu importe" que le singulier soit en a ou en i. (1) (1) J'ai cru un temps que la terminaison en e des pluriels de la première déclinaison patoîse, provenait de la terminaison JE des nominatifs pluriels de la première déclinaison latine. Je me fondais sur ce fait que l'addition de s du pluriel n'avait modifié la post-tonique du singulier ni en oïl (coronne, coronnes) ni en oc (corona., coronas), ni eu espagnol (con?na, coronas), tandis que le changement de la post-tonique du pluriel en italien (coroua, corone', analogue au changement dans le lyonnais (corcma, corone), provenait de la ter- minaison JE du latin (corcma, coronae). Il me semblait singulier qu'un phénomène contraire à ce qui s'est passé en oc et en oïl, eût eu lieu dans un dialecte romano-provençal, comme le lyonnais, resserré précisément entre ces deux contrées. Nous avions d'ailleurs, à nos portes mêmes, dans le pays de Romans, la preuve que l'addition de s ne saurait affaiblir a post-tonique en e, puisque, dans cette région, a est devenu e dans le singulier (corons), et a persisté au pluriel (coronas). De mëmç dans la vallée de la Drôme, où a- du singulier s'est affaibli en o (eorono) et a persisté au pluriel (cortmas). C'est-à -dire que s qui aurait détruit a chez nous, l'aurait conservé chez nos plus près voisins. Enfin, il aurait fallu admettre que s qui a eu le pouvoir de changer a en e, aurait eu également celui de changer i en c, puisque tous les noms de la première déclinaison dont le singulier est en * ont aussi le > pluriel en e. L'étendue du pouvoir de s sur des voyelles de natures différentes, sur les grêles aussi bien que sur les graves, serait vraiment extraordinaire. Une autre raison, c'est la dtfïuulté beaucoup plus grande que j'éprouvais moi-même à prononcer coro- ne-ss que corona-ss. Or, les changements phonétiques sont surtout appelés par des facilités de prononcia- tion. On ne va pas facilement du facile au difficile. Mais, en y réfléchissant, voici, j'imagine, comment le passage de as à e(s) a pu s'opérer : Dans les mots de la première déclinaison terminés par l'hiatus ia au singulier (toujours d'après ma propre