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i8o                         LA REVUE LYONNAISE

 leur pension avec un Me Clément Perdrijon, pédagogue, à raison de
 trois écus vingt sols par mois, pour chacun d'eux. Il paraît qu'ils
 revinrent à Annonay à la fin du premier mois.
     Le 20 juillet de la même année, Christophle Gamon et Chris-
 tophle Bonnet, accompagnés cette fois d'un nommé Jehan Molynot,
 (probablement le fils du greffier de la Cour royale d'Annonay, qui
 portait ce même nom), vont coucher à Thorrenc. Le lendemain,
 « ils se mirent surleRosne, à Sillon, dans le bateau de Mmc de Sainct-
 Chamond, descendant à Caderousse, pour de là s'acheminer à
 Nismes, avec Me Zacharie Planta, estant avec eulx affin de continuer
 leur estude au collège dudict Nismes. J'ay bailhé audit Gamon dix
 escutspour sa pension de troys moys, et deux escuts pour sa despence
 en chemin et autres menus affaires. »
     Le 8 octobre 1589, Achille Gamon rend à François Richard, de
 Quintenas, trois écus sol que ce dernier avait prêtés à Nîmes à son
 fils. Christophle Gamon et Christophle Bonnet revinrent en vacances
 à Annonay l'année suivante, car nous les voyons repartir le 7 sep-
 tembre 1590 avec le sieur Jean Maignol, apothicaire de Montpel-
lier, allant à Tournon « et de là audit Montpellier à la practique des
finances, et luy ay bailhé pour sa despence du chemin quatre escuts,
Outre cinq escuts qu'il porte de son argent. »
    Ces données sur notre poète sont les seules que contienne le Livre-
Raison de son père. Notons ici ce nom de Maignol qui montre les excel-
lentes relations de la famille Gamon à Montpellier. La famille Mai-
gnol a joué, en effet, un rôle d'une certaine importance dans le monde
scientifique et lettré de Montpellier, surtout au commencement
du xvn e siècle. Jean Maignol était plutôt botaniste qu'apothicaire.
Il est probable que Christophle de Gamon fut son commensal, et que
le botaniste, en faisant goûter au fils d'Achille la poésie des jardins,
lui donna peut-être la première idée du Jardinet de poésie. (1)


  (1) Jean Maignol a laissé des descendants dont le nom s'écrit aujourd'hui
Magnol. L'un d'eux, propriétaire à Montpellier, a épousé une fille d'Eugène Tho-
mas, qui remplissait, avant M. de la Pijardière, les fonctions d'archiviste du
département de l'Hérault.