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I32                         LA REVUK LYONNAISE

a à la main le bâton du voyage ; l'autre, le dos courbé, s'appuie sur
les épaules d'un enfant placé devant elle. On sent dans leurs membres
alourdis la longueur de la route, dans leurs yeux rougis par les
larmes, humblement levés vers la Vierge qu'elles sont venues véné-
rer, l'ardeur confiante de leur foi. C'est là encore, dans un cadre
plus restreint, de la grande et noble peinture.
   Trois tableaux ! et nous avons épuisé les manifestations de ce que,
au siècle dernier encore, on appelait le grand art !
  Je n'entends pas dire par là qu'il n'y ait que trois bons tableaux
au Salon. Les portraits, que nous allons passer en revue, me donne-
raient un démenti immédiat.
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   M. MERWART a peint Mmc Ackermann (412) assise dans un grand
fauteuil aux formes sévères, toute de noir vêtue, les mains posées
sur les genoux, les épaules couvertes d'une mantille dout le capu-
 chon entoure à demi la tête ; une seule note claire dans tout le
 tableau, la figure, d'une coloration chaude, rehaussée par un lourd
 encadrement de cheveux blancs, et qu'illumine le profond et sévère
 regard du grand poète matérialiste. L'attention, qu'aucun détail
 n'égare, se porte tout d'abord sur cette tête énergique et volontaire,
 et elle ne s'en peut distraire. Il y a, dans la simplicité voulue de cette
 Å“uvre, un effet puissant (1).
    Le portrait de M. GUIGUET par lui même (303) est aussi une
 œuvre de vraie valeur, très vigoureuse de dessin, et d'un lumineux
 coloris; la figure est largement traitée par méplats, sans exagération.
 C'est un début, paraît-il; certainement un début de maître.
    M. TOLLET, qui a précédé de quelques années seulement M. Gui-
 guet au Palais Saint-Pierre, sur les bancs de l'École des Beaux-Arts,
 est aujourd'hui en pleine possession d'une réputation que son talent
 justifie chaque jour. Mrac L. C , qu'il nous présente de face et


  (1) Ce portrait avait sa place marquée dans la grande salle. On l'a relégué dans
Une salle obscure du premier étage, où l'on n'ose pas, en plein midi, se hasarder sans
lumière, et où personne, par conséquent, ne l'a vu.