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130 LA EEVUE LYONNAISE au pied d'un temple grec de marbre rose. Des enfants leur offrent des branches de laurier. Deux d'entre elles, séparées du groupe, s'entretiennent debout, sur la gauche ; une autre, assise à la droite du tableau, grave les tablettes de l'histoire. Derrière le temple, l'eau tranquille d'un lac réfléchit les teintes chaudes du ciel embrasé des feux du soleil couchant ; une ligne de collines bleuâtres, aux croupes boisées, ferme l'horizon. Tel est, dans ses grandes lignes, le Bois sacré cher aux Muses et aux. Arts, qui valut, l'an dernier, à Paris, à notre illustre compatriote, M. Puvis DE CHAVANNES, la Médaille d'or du Salon. L'œuvre avait été pourtant vivement discutée ; on avait reproché au peintre à la fois la froideur du coloris et du dessin, et le vide de la com- position. Les critiques tombent maintenant devant l'effet produit par le Bois sacré, mis à la place pour laquelle il avait été conçu. Les extrémités de la toile, trop grande pour le panneau de fond sur lequel elle est appliquée, ont été ramenées sur les faces laté- rales de l'escalier ; et cette cassure, en diminuant le champ du tableau, semble avoir rapproché du groupe principal, sans rien déranger à leur symétrie, les figures accessoires. Les teintes pâles du paysage, harmonisées avec le ton clair des corniches de pierre qui l'encadrent, lui donnent la matité grave et reposante de la fresque. Il n'y a pas jusqu'à la facture large des personnages qui ne donne au dessin une simplicité grandiose; et tout ainsi concourt, avec l'unité sévère de la composition, pour produire l'impression méditative que le peintre a eu pour idéal de faire naître en l'âme du spectateur. Je ne crois pas que personne puisse étudier sincèrement cette œuvre, sans être touché de sa calme grandeur ; et, comme l'a dit un aimable critique, s'il n'est point malaisé de lui trouver des défauts, il est plus malaisé encore d'échapper à l'austère influence qu'elle exerce. (M. Henry Houssaye, Revue des Deux-Mondes, i " juin 1884.) * *