page suivante »
630 LA REVUE LYONNAISE tenir, mais celles-ci sont de beaucoup d'un emploi moins fréquent que celles-là (•>. Sur ce point, le lyonnais s'est toujours rapproché du français plus que du provençal ; les textes du quatorzième siècle nous pré- sentent en effet des exemples assez fréquents de la permutation en i : gésir, gisir (jacere) dans Marguerite d'Oingt, ciri (cera) dans les Comptes municipaux (CC. 373, Arch. de Lyon), etc. (2) E bref passe régulièrement à la diphtongue te dans l'ensemble des langues romanes; le portugais est seul à garder la voyelle intacte. Au quatorzième siècle notre dialecte maintenait lui aussi l'E ori- ginaire dans un certain nombre de mots tels que : pecy (petiam), 5 pera (petram), seglo (saeculum) C) secho (sedium), etc., mais les exemples de diphtonguaison étaient plus fréquents : pieci, piera, sieglo, siecho, etc. M. Au dix-septième siècle, la diphtongue apparaît encore dans quelques mots : Cœlum = ciel, ciel II 262. Mais de règle te de l'époque antérieure s'est aminci en i,y : Pedes = £y, pieds I 65, 73, pi I 214. *Febram =fivra, fièvre II 72. Integram = entiry, entière II 4. Petiam = pice, pièce A 182. Cet aplatissement de ie en i est déjà opéré au seizième siècle : je relève, en effet, la forme py (pedem) dans la scène dialoguée en patois qui se trouve dans la Chevauchée de l'Asne de 1566. L'E originaire a persisté d a n s e r (per franc, par) II 25. L'E a projeté son accent dans Diu de la forme Naidiu A 177. Diu s'est aplati en dy dans ady (franc, adieu) II 283. Devant N l'E bref persiste le plus souvent : Rem = ren, rien I 5, 48, A 22. (1) Cf. Bartsch, Chrestomathie provençale, 2e édition, glossaire, v i s placer, tener. (2) Cf. ma Phonétique Lyonnaise au quatorzième siècle. Romania, 1884, p. 544 et l'art, de M. Cornu, Romania, VII, 356. (3) On sait que les diphtongues ae et oe, qui avaient perdu de très bonne heure leur pronon- ciation séparée, ont été traitées comme e. (4) Cf. E. Philipon, Phonétique Lyonnaise au quatorzième siècle, loc. cit.