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560                           LA REVUE LYONNAISE
son devoir d acquérir, lorsqu'on dépeça la chapelle, la marqueterie et les boiseries
de Damiano qu'on voit maintenant dans le cabinet d'un célèbre amateur M. Emile
Peyre. Bien autrement intelligent s'est montré Mgr le duc d'Aumale qui sait faire
un si noble emploi de sa royale fortune, en achetant et en conservant dans sa
Mbliothèqu3 de Chantilly les riches marqueteries provenant d'Écouen.
   Mais revenons à Sabba da Gastiglione; il possédait aussi dans sa commanderio
de3 objets d'art peu nombreux mais bien choisis; on y voyait, entre autres, cette
belle tête de Saint-Jean âgé de quatorze ans, dont j'ai déjà parlé, presque inconnue
par sa relégation dans le presbytère délia commenda de Faenza et conservée
maintenant dans la Pinotheci communale de cette ville. Grâce à la description
et au dessin qu'en donne M. Uonnaffé, nous connaissons maintenant ce chef-
d'œuvre du statuaire Donatcllo. C'est un nouveau service que ce savant chercheur
a rendu à la science et on lui doit aussi une vive gratitude pour avoir remis en
lumière les Ricordi de Sabba do Castiglione, cet amateur si sympathique et qui
a maintenant enfin sa place dans la galerie des anciens Collectionneurs dignes de
mémoire et si habilement édifiée par M. Edmond Bonnaffé.                  X. X.




      KLKJR D3 P 3 \ I >[[Kit, pu* CKsrrM U ' U V L ^ Y . Paris. Mirp3n et PI n un .rion.
        Un vol. in-iS. Prix : 3 fr. 50.

   Fleur de Pommier, un joli nom et un gracieux roman. L'auteur y a exprimé à
merveille l'aspect tour à tour enchanteur et sévère dos herbages normands, cou-
vrant le sol de leur manteau de verdure jusqu'à l'extrême bord des falaises de
quatre-vingts mètres de hauteur, dont la mer vient battre les pieds escarpés. Pour
quiconque connaît Dieppe et ses environs, les paysages qu'a tracés M. Gaston
d'Hailly sont bien peints d'après nature. Rien sous ce rapport n'est laissé à
l'imagination. Ondulations des prairies que courbe la brise, pommiers couverts de
fleurs ou ployant sous le poids de la récolte, senteurs marines que la poitrine
vivifiée aspire avec bonheur1, chemins creux encaissés dans l'ombre, taches blanches
des mouettes aux ailes largement déployées, colorations de la mer variées à
l'infini, toute la Normandie est là.
    Dans la peinture de ses personnages, le romancier a fait à l'idéalisation la part
 plus large. Ses paysans sont quelquefois un peu raffinés. Mais par le temps
qui court, il y aurait mauvaise grâce à se plaindre d'un défaut de ce genre.
    En dépit de cette dernière observation, M. d'Hailly est plutôt un naturaliste.
Seulement il nous a prouvé, et je l'en félicite, que cette école est parfaitement
capable de produire autre chose que la littérature spéciale dont la France est
inondée par tel éditeur belge que je n'ai pas à nommer. En lisant son livre, ceux
qui sont d'avis que la question de beauté dans l'art littéraire est absolument
indépendante de la formule qu'il plaît a l'écrivain d'arborer sur son drapeau,
verront avec plaisir que, tout en demeurant honnête et décent, un écrivain natu-
 raliste est au=si capable que n'importe quel autre d'intéresser et de charmer
                                                                   CH.    LAVENIR.


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