Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                               BIBLIOGRAPHIE                                      551)
                                                                     U
~r- 7» L'inventaire des meubles de Catherine de Médicts ; — 8             Le catalogue
de Brienne; — 9°          Le Dictionnaire des amateurs français au dix-septième
siècle, etc., etc. Que de noms inconnus il a su tirer de l'oubli et combien d'ceuvre s
d'art qu'on croyait perdues, il a signalées à l'attention du monde savant! Aujour-
d'hui il nous entretient d'un italien Sabba da Castiglione, né vers 1485, dans le
Milanais, un curieux bien distingué et cependant bien oublié aussi et jadis pos-
sesseur des plus belles Å“uvres d'art et, entre autres, d'un petit Saint-Jean de
Donatello, que M. Bqnnaffé a fait reproduire par la gravure. Sabba da Casti-
glione mieux inspiré que tant d'autres collectionneurs qui ne nous ont pas même
laissé de simples et laconiques inventaires de leurs trésors artistiques a écrit ses
souvenirs, ses Iïicordi, adressés à son frère dans la solitude de sa commanderie
de la Magione do Faenza, publiés en 1546, et contenant sur l'art contemporain
des indications des plus curieuses dont quelques-unes sont peu ou point connues.
On lit, avec non moins d'intérêt, dans ses Ricordi les pages qu'il consacre à la des-
cription de l'ornement des grandes maisons de son temps circa gli ornamenti
délia casa. « Je sais, dit-il à son frère, qu'aucunes fois vous vous mettez à raisonner
sur la façon dont les grands gentilshommes, riches, nobles, pompeux, pour no
pas dire gonflés de vent se plaisent à décorer surtout leurs salles et cabinets,
chacun suivant son humeur et sa fantaisie, d'où vient que les uns choisissent
comme décoration des instruments de musique ; d'autres' parent leurs salles avec
des antiques, comme des têtes, des torses, des statues; mais les belles antiques
sont rares. On prend alors les ouvrages de Donato (Donatello) qui so peuvent
comparer avec n'importe quel seulpteur do l'antiquité, ceux de Michel-Ange, de
Giovan Christoforo lîomano, d'Alfonso Lombardo, de Paganino, de Verocliio,
de Pollajuolo. — Il y on a qui recherchent les médailles antiques d'or, les œuvres
de l'orfèvre Caradosso, les intailles de Pietro Maria, de Miclielino, etc., etc.
— D'autres se plaisent à orner leurs palais des tableaux de Montagna, de
Léonard de Vinci, de Verochio. Il y en a aussi, ajoute Sabba da Castiglione,
qui décorent leurs salles des marqueteries de fra Damiano ; » mais ce dernier nom
rappelle pour notre ancienne province du Forez un pénible souvenir et commande
à tous les amis des arts un énergique blâme des agissements des agents du
pouvoir qui ont charge d'âme de nos anciens monuments.

   Naguère existait encore dans la Loire la splendide chapelle de La Bâtie,
reconstruite au seizième siècle, par Claude d'Urfé ; sur l'autel de cette chapelle,
l'une des merveilles de la Renaissance, était placé un magnifique panneau de
marqueterie portant cette inscription : Frater Damianus conversus Bergomas,
ordinis prsedicatorum, faciebat MDXLVIH. et toute la chapelle était ornée
des plus riches boiseries, sans parler de tant d'autres ehefs-d'Å“uvre. Or ce frater
Damianus n'est autre que celui dont parle Sabba da Gastiglione, dans ses Ricordi,
et l'un des plus grands artistes italiens de la Renaissance. Il était donc du devoir
du gouvernement d'acquérir, à tout prix, la splendide chapelle de la Bâtie, de
la conserver comme un véritable trésor artistique et de la classer comme monu-
ment historique. Le prix demandé par le propriétaire de cette merveille était, il
est vrai, peut-être excessif. Mais quand on voit l'État et les communes gaspiller
tant de millions, par obéissance à une secte odieuse, à la construction de tous ces
fastueux et iaeptes groupes scolaires, n'est-on pas en droit de reprocher à l'Etat
de n'avoir pas su trouver dans sa caisse, aujourd'hui vide, quelques milliers de
..rancs pour l'acquisition de la Bâtie! L'Etat n'a même pas compris qu'il était de