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55'i LA U K V U K 1, Vc;NiN AISI-: que les événements de notre triste époque et sa conscience ont forcé de s'éloigner de l'Administration, vient de la reprendre et de la traiter avec une véritable supériorité. A la première vue do son livre on croirait que c'est l'œuvre d'un spécialiste, d'un militaire vieilli dans les camps et l'un de nos manœuvriers en renom. Tous les auteurs anciens ou modernes qui ont traité de la question, lui sont familiers. C'est surtout dans Polybe, Tite-Live, Salluste, César, Végèce ctc, etc., qu'il a cherché le secret de la stratégie des Romains et qu'il l'a décrite d'une manière si saisissante. Après un exposé géne'ral de l'organisation militaire des Romains sous la république et sous l'empire, M. de La Chauvelays donne ensuite un aperçu de la tactique romaine, sous la république, avant et depuis Marius jusqu'à Auguste. A ce moment la Légion formait la grande division de l'armée romaijie ; c'était une véritable petite armée composée de plusieurs ordres de soldats et présentant diverses lignes dans les combats. Dans les temps ordinaire:--, chaque armée consulaire comptait deux légions romaines et deux légions d'alliés. Tout individu ayant moins de 400 dragmes, ne servait que dans la marine. Ceux qui possédaient une fortune supérieure devaient le service dans l'armée de terre, depuis leur dix-septième année jusqu'à quarante-cinq ans. Les fantassins passaient seize ans sous les drapeaux et pouvaient en cas de nécessité, être retenus vingt ans dans les rangs. On conçoit, dès lors, quelle supé- riorité devait avoir une semblable armée, et que cette armée ait pu soumettre presque tout l'ancien monde à la domination de Rome. Mais alors on no mar- chandait pas, comme de nos jours, son service à son pays. Autrefois, les grands et nobles sentiments do patrie, de dévouement et d'abné- gation enflammaient le soldat et il marchait, sans murmurer à la conquête du monde. Aujourd'hui ces sentiments ont élé atrophiés dans le cœur de nos géné- rations actuelles. C'est à peine si elles consentent à donner trois années à leur pays, et notre armée jadis si belle, si solide, si glorieuse d'elle-même n'est plus pour ainsi dire qu'un troupeau d'hommes armés, manquant de toutes les qualités qui font un bon soldat. Toutefois, ces belles légions romaines perdirent, avec le temps, leur perfection par l'introduction, en grandes masses, des Barbares. Dès ce jour data la déca- dence des institutions militaires de Rome. Je ne suivrai pas, faute d'espace et bien à regret, M. de La Chauvelays dans tous les détails qu'il donne sur ces grandes et belles institutions si peu connues et pourtant si intéressantes, mais sur lesquelles ont varié même les auteurs anciens ; M. de La Chauvelays a, par sa savante critique, par la comparaison des textes, par l'étude qu'il a faite de la stratégie suivie dans toutes les principales grandes batailles dont il donne le récit, dissipé toute l'obscurité qui pouvait exister encore dans ces textes aussi mal compris par les écrivains modernes et jeté un nouveau jour sur ces grandes ques- tions. Du reste, son œuvre a déjà reçu les plus hautes approbations et un éminent spécialiste, M. le général duc d'Auerstaedt, dont la lettre est en tête du volume dont je parle ici, lui a dit, entre autres : « Vous avez élargi un champ d'études que nous ne saurions trop méditer historiens ou soldats. En nous mettant à même d'étudier un des côtés les plus intéressants de la tactique des armées romaines, vous aurez rendu un grand service. Je ne sais si le résultat en sera immédiat ; vous aurez, du moins, semé le bon grain, et comme dans notre cher pays, quoi qu'on on en dise, les esprits sérieux et les cœurs chauds ne sont pas rares, il y a toute chance pour qu'il se multiplie. » Du reste, M. de la Chauvelays