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BIBLIOGRAPHIE 225
édifier; c'est le cas ou jamais de lui appliquer le vers connu : « La mère en per-
mettra la lecture à sa fille ». et la maîtresse d'école en recommandera l'étude Ã
son élève : c'est le plus cher vœu de J. du Moulin.
J. du Moulin!... sous ce pseudonyme, (qu'il me pardonne; puisque, aussi bien,
l'on n'est trahi que par ses amis) se cach? un prêtre d'élite, ancien supérieur de
petit séminaire; ancien vicaire général; frère, enfin, de la supérieure générale
d'une congrégation enseignante.
Me trompé-je, mais il me semble voir dans ce dernier détail la raison des
Brames -pieux, J O S E P H ROUX.
LA RENAISSANCE, DE DANTE A LUTHER, par MARC-MOMHKR, doyen de la
Faculté des lettres à Genève. — Paris. Librairie Firmin-Oidot et (T* 1884.
Tïn vol. petit in-8. Prix: 5 francs.
« Mener toutes les littératures de front ; montrer à chaque pas l'action des unes
sur les autres ; suivre aussi, non plus seulement en deçà ou au delà de telle fron-
tière, mais partout à la fois, le mouvement de la pensée et de l'art » : tel est le
but que se propose et qu'indique dans sa préface l'auteur de cet ouvrage. Il est
permis de se demander s'il n'était point vraiment trop difficile de condenser en
un seul volume une si vaste matière, l'histoire littéraire de trois siècles, et s'il
était possible d'étudier, avec les détails qu'elles comportent, les différentes litté-
ratures européennes et les monuments qu'elles ont produits durant cette période.
Il fallait nécessairement que l'attention fût spécialisée sur quelqu'une d'elles et
que les autres fussent un peu laissées dans l'ombre. C'est ce qui est arrivé. En
faisant abstraction du chapitre remarquable que M. Marc-Monnier a consacré Ã
Erasme, on pourrait dire avec quelque justesse que son livre est une histoire de
la littérature italienne, de Dante à Michel-Ange. Pour ne pas trop paraître
s'écarter du plan qu'il s'était tracé, l'auteur ne manque pas d'esquisser en quelques
pages rapides un résumé de la situation intellectuelle des autres pays pour chaque
période successive qu'il aborde: mais il revient promptement à Ferrare ou à Flo-
rence. Il y eut en Italie une floraison superhe : mais fut-elle unique ? doit-elle
faire oublier ce qui se fit ailleurs? doit-on méconnaître la vitalité prodigieuse de
notre grand seizième siècle qui vit se déployer toutes les forces du génie français ?
Si je fais ces réserves, c'est que la faute que j'indique est moins celle du savant
doyen de la Faculté des lettres de Genève que celle de son plan. Mais ceci dit, je
me fais un devoir de signaler les mérites de cet ouvrage dont la lecture est agréa-
ble autant qu'instructive. M. Marc-Monnier est au courant des travaux les plus
récents en diverses langues concernant les sujets qu'il traite. Sa critique est fine,
consciencieuse. Les lecteurs catholiques pourront trouver sa partialité en faveur
des réformateurs, ou plus généralement des révoltés contre l'Église, un peu trop
prononcée. Mais ce sont là questions qui n'appartiennent point au domaine litté-
raire, et que chacun résout au gré de ses convictions. Je note simplement le fait.
En somme M. Marc-Monnier nous donne un excellent ouvrage d'histoire littéraire
qui tiendra une place honorable dans la bibliothèque du professeur comme dans
celle de l'homme du monde. CH.LAVENIR.