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                     BALAZUG KT PONS DE HALAZUC                                    163
 De là naquit peut-être l'idée première d'une grande expédition
 militaire devant occuper et éloigner cette noblesse puissante et
 redoutable, et qui constituait un danger permanent pour la royauté.
    Le roi, comme le pape, dut tourner ses regards vers l'Orient.
    Il serait cependant injuste et faux d'attribuer à une cause exclu-
 sivement politique cette sublime aventure qui précipita contre
 l'Asie, l'Europe chrétienne tout entière. Le pape et le roi — un
 pape de génie et un grand roi — surent profiter de la situation,
 mais ne la créèrent pas. La croisade fut, avant tout, imposée par
 un impétueux et irrésistible élan de foi religieuse. •
    La foi était vive, en ces temps. Chez le prince autant que chez
 le serf, elle était le mobile de presque tous les actes. Au milieu des
 plus grands crimes, apparaissait toute-puissante l'idée religieuse
 amenant le remords et provoquant l'expiation. Pour beaucoup, la
 conquête du tombeau du Christ fut l'acte expiatoire d'une vie de
 crimes, et Urbain II put dire à Clermont triomphalement : « Sol-
 dats de l'enfer, devenez les soldats de Dieu! »
    Ce grand mouvement ne fut pas aussi spontané qu'il le semble.
 Depuis un siècle déjà, c'était dans tout le monde chrétien comme
 une folie de pèlerinages — la divine folie de la Croix. — Leur a c -
 complissement, dans les contrées les plus éloignées, était considéré
comme un devoir sacré. Sous Henri Ie'", le mouvement qui entraî-
nait les pèlerins vers Jérusalem s'accentua encore. « D'abord, dit
un chroniqueur, la basse classe du peuple, puis la classe moyenne,
puis les nobles 1 , puis les rois les plus puissants, les prélats. Enfin
ce qui ne s'était jamais vu, beaucoup de femmes nobles entreprirent
ce pèlerinage. »
   Cet état de l'opinion s'étendait à toute l'Europe chrétienne, mais
plus particulièrement à la France. Le Languedoc, et dans le Lan-
guedoc le Vivarais qui touche à la Provence, et presque à cette mer
que désolaient les pirates musulmans, était une des provinces les
plus agitées du royaume. Il y était fréquent de faire vœu « d'aller
chasser les infidèles des lieux saints qu'ils profanaient » ou de

  1
     On distinguait dans le Languedoc, les nobles de ceux qui ne l'étaient pas, dès le
commencement du onzième siècle. On entendait par nobles, non seulement les sei-
gneurs et les possesseurs de fiefs, mais encore les gens riches et les principaux
citoyens des villes.