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                     L'EXPOSITION DE TURIN                           25
Il a vieilli, depuis la dernière fois que je l'ai vu, il y a quatre ans,
à Florence. Il est tout gris, maintenant, et ressemble beaucoup à
son père. La reine est toujours belle, grasse etgracieuse. Le prince
de Naples est un adolescent, au visage sérieux, un peu mélancoli-
que.
   La pluie a bien voulu faire trêve pour aujourd'hui. Aussi une
grande foule s'écrase-t-elle devant le Palais-Royal, jusque fort
tard dans la soirée. La circulation est difficile dans les rues et.sur
les places, malgré l'habitude invariable des Turinois de prendre
leur droite très exactement partout où ils passent : usage prati-
tique, qui diminue d'autant la besogne des « gardiens de la sécu-
rité publique ».
   C'est fête dans tous les théâtres. Il y a partout des « spectacles
extraordinaires» et des « représentations de gala». On s'étouffe
encore plus que de coutume dans la galerie subalpine et sous les
arcades de la rue de Rome, de la place du Château et de la rue du
Pô, les promenades favorites des Turinois, après le repas du soir,
qui, en Italie, se nomme encore judicieusement le« souper ».

                                   *


   A demain donc l'inauguration, depuis si longtemps et si impa-
tiemment attendue. Elle ne dérogera pas aux usages qui, de temps
immémorial, régissent les inaugurations, car elle aura lieu à la
fois trop tôt et trop tard. D'après les premiers prospectus, l'Expo -
sition devait être ouverte le l o r avril. Elle est loin d'être achevée
le 25. On a beau y travailler avec ardeur, avec fureur, avec rage,
le roi inaugurera demain des bâtisses encore humides de plâtre,
des galeries dissimulées derrière des rideaux, des jardins où les
boulingrins sont indiqués par des tas de terre noire, et les allées
par des cloaques jaunes. L'ouverture devra être faite en plusieurs
fois, et, quand je partirai, le 16 mai, trois semaines après, je
n'aurai pas vu l'exposition d'électricité, plusieurs salles du château
moyen âge seront encore fermées au public, plusieurs annexes
encore aux mains des maçons et des « stucqueurs ».