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FELIBRIGE 517 LA ROUELO LE COQUELICOT K l'enfant digue : — « Paire, viras-vous : Et l'enfant dit alors : — « Père, retournez-vous donc : — il ne ver- Verdèjo do Ma que quà uqui versano; doie que quelques sillons de blé ; — le coquelicot empourpre (je ne La rouèlo empourpris quant de milo cano ! sais) combien de mille cannes'l. —• Cette année, j'en ai peur, nous ne Aquest an, n'ai poù, saren pas urous. » serons pas heureux. » — « L'ami, dins un mes revendren tous dous : — « Mon ami, dans un mois, nous reviendrons tous deux : — Tu ver- Veiras qu'au banca li marridi grano, ras que les mauvais grains auront cédé la place, — et le vent de Dieu, E lou vent de Dieu, ersejant li piano, ondoyant les plaines,— bercera des Bressara li blad espés e courous. blés épais et nourris. Dins la vido, ansin, s'atrovo un abounde Dans la vie, ainsi, il se trouve quantité — de superbes gens et de De supèrbi gènt e de pichot mounde petit monde— qui remplissent tout de leurs embarras. Que claflsson tout emé soun varai. ï.'orgueil mensonger, tout d'a- L'ourguei messourguié, d'en proumié, s'aubouro; bord, s'élève; — quand, puis, de la moisson arrive l'heure, — l'er- Quand do la meissoun arribo pièi l'ouro, reur tombe, le vrai graine 2. » Gabusso l'errour, grano lou verai. » L. DE BERLUC-PERUSSIS. 1 Mesure provençale (i mètres). 2 La Rouèlo n'est inoffensive que dans les pays secs, comme celui où ce sonnet a été écrit. MAI 1884. — T. VII. 33