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        TROIS MOIS A VENISE
                 -   IMPRESSIONS DE VOYAGE —




   Qui n'a entendu parler de Venise et de ses merveilles? Qui ne
voudrait dire : « J'ai été à Venise » ? Depuis mon enfance, je dési-
rais voir cette perle de l'Adriatique, cette reine parmi les cités. Et,
par un beau jour de février 1883, après avoir séjourné à Cannes,
à Nice, à Gènes, je résolus de continuer mon excursion.
   Traversant donc Milan, et roulant toujours sur la voie ferrée,
j'ai continué jusqu'à l'antique capitale des doges. Or, il était cinq
heures et demie du matin ; le sifflet d'une puissante locomotive se
faisait entendre. Tout à coup, je traversai la lagune sur un pont
de 4.600 mètres, porté par 222 arches. Le ciel était constellé
d'étoiles; la lune régnait en souveraine. Mon cœur battait, Venise
 était là...
   « Signori, Venezia ! » (Messieurs, Venise !) Je descends de wa-
gon. J'aperçois la ville dans l'obscurité. Toutes les maisons sont
entourées d'eau. La cloche de Y Angélus sonne. C'est d'une mélan-
colie indéfinissable faite pour remuer le cœur le plus endurci. Je
prends une gondole. Je traverse d'étroits canaux, sous des ponts
multipliés. Plus de bruit, si ce n'est celui delà rame. Je n'aurais
pas donné ma place volontiers. Je passe aux pieds de nombreux pa-
lais gothiques ; la lune éclaire toujours ; par-ci, par-là, des lanternes
allumées aux gondoles. Me voici à Yalbergo (l'hôtel). Je fais pris.
Il faut croire que la vie n'est pas chère k Venise ; car, à l'hôtel de