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314                       LA R E V U E     LYONNAISE

    Quintana se trouvant, cette ar.née-là, président des Jeux floraux de Barcelone,
député aux Cartes et, au demeurant, plus ardent félibre que personne dans son
pays, que pouvait-on faire devant la situation présente?
    Le temps pressait. On ne pouvait laisser Quintana retourner en Catalogne
sans son adhésion au statut. Les Provençaux acceptèrent donc, en séanca publique,
la liste présentée. On commettait une faute, évidemment. Et si « les fêtes de 1878
étouffèrent les justes plaintes que soulevaient ces maladresses », comme dit
M. Aib. Savine, elles ne doivent aucunemr.it retombai' sur Mistral, comme il le
pivtend aussi, sur Mistral qui les « aurait laissé commettre dans l'organisation
pratique du félibrige par une complaisance outrée aux désirs de ses conseil-
lers et une confiance trop grande dans la sagesse it la science d'autrui. »
    On ne sait pas toute la diplomatie qu'il a fallu au Capoulié pour faire accepter
le félibrige, en Provence d'abord, où tiennent peu de place les considérations du
 génie, et puis en France et à Paris; pour renouer, enfin, mieux que personne,les
 vieilles relations catalano-provençales. Que la faute do ce refroidissement retombe
 plutôt sur les inspirateurs du représentant officiel de Barcelone à Avignon, —
 ce gi'jnd poète n'a-1-il pas assez fait pour la cause néo-latine ! — puisqu'il en
 assumait la responsabilité.
     Et, d'ailleurs, le refroidissement en question provient surtout du caractère cata-
 \SCÙ. S'il y a eu maladresse, c'est bien de la part de ceux qui mettent leur orgueil
 personnel au-dessus de l'intérêt de la cause. Qui no sait que le particularisme est
 la maladie nationale de ces trans-pyrénéens?...
     Au lendemain de la séance d'Avignon, le consistoire écrivit à Pelay Briz, qu'à
  la première vacance,le majoralatlui serait accordé. On semblait heureux,là-bas,
  d'avoir des motifs de rupture. On rompit. La Catalogne, si fière de ce qu'elle
  appelle son indépendance, a perdu une seconde fois la bataille de Muret, elle a
  manqué la plus belle occasion de répandre pacifiquement son influence indiscutée
  dans la France du Midi ; elle s'est écartée ainsi des traditions de son grand
  Jacques le Conquérant.
     Quant à savoir qui a réellement importé l'idée latine dans le félibrige de
   L. do Berluc-Perussis ou de Gh. de Tourtoulon, je crois l'avoir assez nettement
  défini pour ne pas justifier le léger reproche que me fait M. Savine sur cette
   matière.
     « M. de Tourtoulon, ai je dit, avait contribué au rapprochement de. la P r o -
   vence et do la Catalogne en les. justifiant par l'histoire. (Histoire de Jacques le
  conquérant). L'étude de leurs renaissances littéraires l'avait amené, lui et son
  groupe, à les justifier par la science (Société des Langues romanes). Le féli-
  brige, alors indiscuté et maître du terrain il se trouva un homme pour le mettre
  en lumière en lui faisant affirmer pour la première fois sa dignité d'idiome
  vivant. Cet homme était M. de Barluc-Perusis, l.; grand apôtre de la décen-
  tralisation en Provence, qui avait eu l'heureux talent d'attacher le grelot du
  bilinguisme à l'Académie d'Aix et de provoquer l'idée latine au centenaire de
  Pétrai'que, né d'un déjeuner sur l'herbe projeté à Vaucluse par l'almanach du
   sonnet. » — L'œuvre de l'un préparant c die de l'autre et arrivant à se confondre
   avec elle.
  Ces deux questions élucidées, il me reste à demander pardon au lecteur et à
 M, Albert Savine de ces trop longues digressions.
                                                          PAUL    MARIÉTON.