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CLAUDE-FRANÇOIS MENESTRIER 283 En effet, ce livre est un plan des nombreux ouvrages qu'il s'est pro- posé d'écrire, en entrant, à son tour, dans le monde des lettres — plan qu'il a du reste successivement et presque entièrement réalisé. On lit, en effet, dans sa Préface : « Quand j'entreprens de former l'idée de l'estude d'un honneste homme, ce n'est pas mon dessein de le dresser dans la cognois- sance des hautes sciences desquelles on peut dire avec vérité l'axiome d'Hypocrate : Ars longa, vila brevis. Je laisse à l'estude plus sérieuse la théologie, la philosophie, les mathématiques, le droit et la médecine. Je veux former un homme de conversation et non pas un savant de cabinet. Je m'attache aux belles-lettres, sans faire aucune recherche des sciences plus épineuses qui demandent un homme tout entier. « Pour tenir une méthode réglée qui serve de lumière à tout mon dessein, je dresseray, premièrement, la Bibliothèque de l'hon- neste homme. Je lui descouvriray ensuite dix industries pour se faire galand homme en peu de temps. De là , je donnerayles règles pour juger prudemment de quel ouvrage que ce soit qui puisse tomber entre ses mains. Cette cognoissance servira d'entrée à celle de l'Histoire de laquelle je'passeray dans l'Éloquence et enfin à la Poésie. Et parce qu'il y a des jeux d'esprit qui ne sont moins ingénieux que ces belles coguoissances, je donnerayl'An! desBla- zons, celuy des Emblesmes et des Devises ; je donneray la façon d'expliquer les Inscriptions anciennes ; de faire les Pompes pour l'entrée des Roys, pour les Tournois et pour les Funérailles, les pompes des collèges où nous considérerons la nature des œnigtnes et des hiéroglyphes ; j'attacheray à tous ces traités les règles du Ballet, la cognoissance de la sphère et de la earthe et quelques règles de la poésie fran- çaise. » Comme on le voit par ces lignes, c'est un véritable programme que le P. Mene^trier s'était fait pour ses travaux ultérieurs et à ce programme il a même donné une certaine ampleur. Ainsi, en ce qui concerne l'un de ses premiers ouvrages, publié en 1659 chez P>enoit Coral,à Lyonsous le titre «Le Véritable Art du Blason », ce sont 121 pages qu'il a consacrées à cet ouvrage, et ces pages forment un véritable petit traité ; il y a môme joint de nombreux