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                               BIBLIOGRAPHIE                                     203
privilèges : il ne saurait, nulle part, créer de toutes pièces une aristocratie. Pour
naître et pour vivre, pour jeter de profondes racines dans le pays, il faut que le
sol y soit depuis de longues années préparé, en d'autres termes, il faut que la
nation elle-même se prête, par ses aspirations et ses besoins politiques, à la for-
mation de ce grand corps, de cette institution sociale. L'aristocratie se constitue
alors d'elle-même, le monarque n'a plus qu'à constater son existence et à faire
appel à son concours.
   C'est ce qui s'est passé en Angleterre. Les pairs anglais ne sont aujourd'hui les
maîtres de la libre Albion que parce qu'ils sont descendants des barons qui firent
jurer la Grande-Charte à leur prince, et qu'ils se sont ainsi érigés en champions,
en surveillants et garants des libertés publiques. Les Parlements français n'ont
dû leur influence et leur popularité qu'à la même cause : aussi la robe était-elle
autrefois plus près de constituer chez nous une aristocratie que no le fut jamais
la noblesse.
   Or, les derniers siècles du moyen âge et les premiers de l'ère moderne ne
furent consacrés en France qu'a une lutte du roi et du peuple contre la féodalité.
   Richelieu la consomma sans doute, cette lutte, en décapitant les grandes fa-
milles et en démolissant leurs châteaux. Mais ce n'était que le dernier acte d'un
drame, dont il n'était pas l'auteur, et dont il ne pouvait prévenir le dénouement.
M. le vicomte d'Avenel nous semble donc, de la meilleure foi du monde, dans
l'erreur lorsqu'il l'accuse de nous avoir refusé l'aristocratie qui a créé la puis-
sance britannique, et il nous paraît, en outre, beaucoup trop sévère, quand il
omet de rappeler tout ce que la France ancienne ou moderne doit à la vaillance
d'une noblesse, ignorante et étourdie peut-être, mais qui du moins n'a jamais
marchandé un écu de sa bourse ni une goutte de sang à sa patrie ou à son roi.
Quand l'étourderie va jusque-là, elle s'appelle tout simplement héroïsme.
   Ces réserves faites, nous sommes fort à l'aise pour rendre à M. d'Avenel toute
la justice qui lui est due et pour reconnaître le talent d'écrivain dont il a fait
preuve dans cet ouvrage.                                       H E N R I BEAUNE.



     MAÇONNAIS. Géographie historique contenant le Dictionnaire topographique
      de l'arrondissement de Mâcon, par M. TH. CHAVOT. Paris, Henri Champion;
      Mâcon, Belhomme, libraire, 1884.

   Ce livre manquait. M. Théodore Chavot a eu l'heureuse pensée de l'écrire et
tous les érudits lui en sauront le plus grand gré, car jusqu'à présent la topo-
graphie ancienne du Maçonnais était presque inconnue ou insuffisamment faite,
Gourtepée en avait commencé l'étude dans sa Description générale et particulière
du duché de Bourgogne — grande tâche entreprise en 1775 et terminée en
1781, mais il n'a qu'ébauché tout ce qui concerne le Maçonnais dans son
septième volume presqu'introuvable aujourd'hui. Dans notre siècle, en 1838,
M. Ragut, alors archiviste du département de Saône-et-Loire a publié, à son
tour, une statistique, en deux volumes in-4, moins vaste que celle de Courtepéo
puisqu'elle ne concerne que le département. Mais ce fonctionnairo n'a pas su
puiser aux véritables sources ; au lieu do chercher dans le dépôt de ses archives
les éléments de son œuvre, surtout en ce qui concerne l'origine et l'histoire des
localités, comme l'avait fait Gourtepée, il s'est borné à copier souvent cet auteur,