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                              PENSÉES                               173
nonce en connaissance de cause. Ainsi, pas de considérations poli-
tiques, aucunes réflexions morales. Suétone ne conte pas comme
Tite-Live, ne chante pas comme Quinte-Curce, ne raisonne pas
comme Salluste, ne moralise pas comme Tacite, Suétone rapporte
simplement et crûment ce qu'il sait pour l'avoir vu ou entendu ou
appris. L'essor lui manque, la profondeur et l'étendue ; toutefois il
intéresse, il instruit, il fait penser. L'historien témoigne de peu de
génie sans doute, mais l'anecdotier mérite bien de la postérité.



   Scito'.e a tout étudié et tout retenu ; il vous sait sur le bout du
doigt toutes les dynasties des Pharaons, toutes les incarnations de
Wischnou, toutes les migrations desAryas; demandez-lui les co-
lonies de la Gaule, les divinités de Garthage, d'Athènes et de Rome,
le nom, l'âge, la patrie desSybilles, les titres, les sujets, les per-
sonnages, les auteurs des pièces du théâtre grec, il vous répondra
sur tout sans broncher; dequelle espèce était le poisson qui rendit
à Polycrate de Samos son anneau d'or, ou la perle que Gléopâtre fit
fondre dans le vin de Chypre? « Questions d'écolier! » dira-t-ilen
haussant les épaules;, « N'avez-vous que ce peu à me demander? »
Donc, c'est une vérité acquise, une chose entendue, un fait avéré
que Scitole n'ignore de rien. Aussi impute-t-on à dédain, sinon à
modestie que, l'autre jour, tenant sur les fonts baptismaux l'enfant
de sa sœur, il n'ait pu, ni finir « Notre Père ! », ni commencer « Je
crois en Dieu ! »
                                    *

   Les nations modernes sont des fourmilières continuellement
agitées. Tout y est mouvement, bouleversement, tiraillement...
Quelle est la fin de ces labeurs sans ou contre Dieu ? Dieu tôt ou tard
se lève, et de son pied disperse l'œuvre de folie.



   Ces Orientaux, si splendides et si malpropres, ressemblent singu-
lièrement aux oiseaux de leur pays, acclimatés en France, éclatants
d'or et de soie, et pleins de vermine.