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156 LA REVUE LYONNAISE sont à peu près inconnues. On y dit pra«chi. A mesure qu'on s'ap- proche du Forez on diphtongue, mais si peu que rien. A Rive-de- Gier on diphtongue tout à fait : praïchi. 01, comme dans roi, loi n'existe pas, à proprement parler, bien qu'il n'y ait pas à douter qu'il n'ait existé primitivement. Aujour- d'hui il y aurait plutôt lieu de le transcrire par oa, oua et même par ouê. Un paysan lettré à qui je faisais transcrire devant moi le mot roue en patois, l'écrivit roi; un autre l'écrivit roua. A l'au- dition, on ne discernait pas la différence. On distingue bien la diphtongue dans les mots couo, queue (cauà a), rouêmo, réfléchir (ruminare). Dans les vieux noëls on trouve indifféremment à la coiti, et à la coueti pour à la hâte (de coctare) *. Pas de triphtongues. Dans pray?, prier, leyî, lier, etc., il y a bel et bien deux voyelles réunies par un y (yotte) de formation romane, c'est-à -dire postérieure au latin. Reste à parler d'un son que nous qualifierons de semi-voyelle, et qui joue un grand rôle dans notre patois. Nous l'appellerons ' YOTTE Du nom de la lettre allemande comme laquelle il se prononce. Ce son égale i, y français en hiatus comme dans pied, allions, yeux. Nous exprimerons indifféremment ce son par i, y. Le lecteur se demandera pour quelle cause on le fait différer de i et dey? —-Uniquement à cause de son rôle étymologique. Il importe donc de montrer en quoi i, y yotte ou semi-voyelle, diffère de i voyelle. Lorsque, dans un mot latin, i se trouve entre deux consonnes, c'est un i voyelle : ver-?'-tatem. Quand il est en hiatus, ce n'est plus qu'une demi-voyelle : cam- pania (pour camp&nea), campagne; c'est-à -dire un yotte. Mais il arrive souvent que, par suite de la transformation d'une i La même transformation s'était accomplie en français au xvi" siècls. Oi y égale ouè. On disait dortouà re pour dortoir.