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54 LA R E V U E L Y O N N A I S E diques qu'ils sont écrits avec moins d'art, nous permettant de suivre pas à pas les soldats huguenots. Partis dans la soirée de Marcigny, « nous arrivâsmes et logeâsmes bien tard en un village nommé Saint-Laurens i et en partîmes bien matin (le 8 décembre) afin de faire bonne journée... et de ce mesme jour le tocsin fut sonné sur nous avec des cloches par les villages et des cornets sur les costaux, trouvant tout le pays en alarme et tousjours suivis de costaux en costaux par les paysans du pays conduits par quelques gensdarmes et gentilshommes à cheval qui nous aboyaient de loin... Nous vinsmes coucher à un village en Forest nommé Furmigières 2, duquel estant partis le lendemain, (9déo.) nous nous trouvâsmes le matin près de Feurs 'A et(vismes) à nostre gauche six-vingts chevaux en bataille à uneharquebusade de nous, qui fust cause qu'ayant prié Dieu, nous nous mismes en ordre de combat, et voyant qu'ils ne branlaient, nullement, prinsmes nostrë chemin à main gauche pour nous retirer du costé du Rhône par le droit chemin de Lyon en Vivarais. La cavalerie ennemie s'étant arrêtée « pour se repaistre », la colonne continua sa marche, harcelée par quelques gentilshommes et une soixantaine de paysans attirés par les chevaux et les bagages qu'elle était forcée d'aban- donner. Messieurs de Saint-Auban, de Mouy 4 et de Besignan leur tuèrent « un noble et cinq à six pendars. » Monsieur de Chastil- lon n'aimait point ces escarmouches qui nuisaient à la rapidité de ses mouvements ; il dut pourtant s'arrêter pour repousser la cavalerie, entrevue le matin, menaçant de nouveau ses derrières. « Je commencay la charge, laquelle nous fut si heureuse que nous ne perdismes qu'un harquebusier à cheval, et l'ennemy y perdit i Saint-Laurent, village à deux lieues de Marcigny, d'après le Voyage des reîtres imprimé dans les Pièces Fugitives du marquis d'Aubaïs. 2 Furmigières n'est pas marqué sur les cartes de Gassini. 3 Feurs. Petite ville près de la Loire ; arrondisement de Montbrisou, Loire. 4 M. de Mouy, vaillant capitaine huguenot, était probablement frère de Claude-Louis de Vaudray, seigneur de Mouy, « fi!s ai né » qui mourut le 14 avril 1583, après avoir tué F. Louviers dit Montravel, assassin de son père Artus de V. de M. Il assista à la bataille d'Ivry et fut nommé maréchal de camp. 5 M. de Besignan était, sinon un des deux frères, du moins un parent très rapproché de l'auteur des Mémoires. Philibert Pape, grand-père de Jacques, avait épousé Claudine de Besignan. Antoine d'Autane s'était marié en 1550 à Risante de Besignan. La sei- gneurie de Besignan était indivise et les deux familles en prenaient le nom.