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514                        LA REVUE LYONNAISE
fait et l'engage à suivre son exemple : elle finit par lui en arracher la promesse;
Elzéar fut affermi dans ses intentions par une vision qu'il eut ensuite à Sault.
   Je ne puis évidemment suivre dans ses détails la vie des deux époux. Etablis
au château de Puy-Michel, en 1301, ils s'appliquent à faire du bien à leurs
vassaux et transforment leur demeure en un véritable couvent, par la sévérité
des règlements qu'ils y introduisent. A la mort d'Hermengaud de Sabran surve-
nue en 1310, Elzéar, à qui il laissait la baronnie d'Ansouïs et le comté d'Ariano,
est obligé d'aller à Naples pour recueillir son héritage : il y demeure pendant
quatre années séparé de sa femme. Il est alors l'idéal du véritable chevalier
chrétien, victorieux dans les tournois, brave soldat sur les champs de bataille, et
menant en même temps, au milieu des magnificences de la cour du roi Robert,
la vie la plus sainte et la plus mortifiée. Après un congé d'un an qu'il passa à
Ansouïs en compagnie de Delphine, ils retournèrent en Italie. Le roi Robert,
obligé de se rendre dans le nord de la péninsule, laissa le soin du royaume à son
fils Charles, duc de Calabre, surnommé l'Illustre, et lui donna Elzéar comme
principal ministre : tant était grande l'estime qu'il faisait des talents et des
vertus du saint ! Elzéar termina sa carrière à Paris où il avait été envoyé
comme ambassadeur ; il y tomba malade et y mourut le 27 septembre 1323.
   Delphine, demeurée veuve, embrassa véritablement ce que l'on a appelé la
folie de la croix. Ayant donné tous ses biens aux pauvres, elle se réduisit volontai-
rement à l'état de mendiante, demandant l'aumône dans les rues et essuyant
avec bonheur les insultes et les plus cruelles railleries. Elle termina sa carrière
en 1360.
   Outre le comte et la comtesse d'Ariano, deux autres saints de Provence ont
trouvé place dans le remarquable ouvrage de Mm0 la marquise de Forbin
d'Oppède : saint Louis de Brignolles, évêque de Toulouse, frère aîné du roi
Robert, et la bienheureuse Roselyne, cousine germaine d'Elzéar, fille d'Ar-
naud II de Villeneuve et de Sibylle de Sabran, sœur d'Hermengaud.
   Ces pages de l'histoire de Provence au quatorzième siècle ne peuvent man-
quer d'être lues avec intérêt. Elles nous révèlent un aspect particulier de cette
société féodale qui n'est point encore parfaitement connue et sur laquelle des
études de ce genre projettent une vive clarté. Le croyant y trouvera de plus,
avec la vénération des éminentes vertus de ces saints personnages, l'édification
de l'exemple : il y admirera la merveilleuse puissance de la foi, qui a porté deux
personnes, nées dans la situation la plus brillante, à mener une vie toute de re-
noncement, et qui a fait chérir à la comtesse d'Ariano, à l'égal des plus pré-
cieuses faveurs, les mépris et les dédains du monde.           CH. LA VENIR.




      MÉMOIRES HISTORIQUES SUR L'INVASION ET L'OCCUPATION DE
       MALTE, par UNE ARMÉE FRANÇAISE en 1798, par PIERRE-JEAN-LOUIS-
       OVIDE DOUBLET, chef de la secrétairerie française du Grand-Maître, publiés
       pour la première fois par le comte de PANISSE-PASSIS— Paris. Firmin-Didot
       et C'\ 1SS3. — On vol. in-lS Jésus. Prix : 3 fr.

  Bien des choses concernant l'époque révolutionnaire sont encore imparfaitement
connues : l'histoire de sa diplomatie est à faire. Certains faits demandent à être
éclaircis. Qui donc, par exemple, n'a trouvé singulière la prompte reddition de