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                       SOUVENIRS D'ALGER                          473
se faire avec de l'eau pure ; faute d'eau pure, avec de l'eau quel-
conque ; faute d'eau, avec de la terre. Il y a souvent plus de terre
que d'eau au pays musulman.
   Elle est de rigueur avant la prière, avant, pendant et après un
pèlerinage, avant de toucher le Coran, après la satisfaction de l'ap-
pétit charnel, après celle d'un besoin naturel, après ablution d'un
cadavre, après contact avec un cadavre non encore lavé ; pour les
femmes, après la menstruation et l'accouchement ; en général,
après l'attouchement d'une chose ou l'accomplissement d'un acte
réputé impur. Choses et actes qui se comptent par milliers !
   Un bon Musulman doit à Dieu et à son prophète une douzaine
au moins de prières par jour avec séries variées d'inclinations,
de flexions, de prosternations et d'exclamations, la tête invariable-
ment tournée du côté de la Mecque. Il lui est défendu de prier là
où il y a des morts enterrés, à moins que la place où le front touche
la terre soit à dix pas de la sépulture la plus proche, dans une
écurie,dans une auberge, dans un endroit où se commettent des actes
 blâmables, sur un cheval, sur un chameau, sur un navire, etc.
   Il doit aussi remplir scrupuleusement l'obligation du jeûne, celui
du Ramadan dure tout un mois. Les enfants au-dessous de sept
ans, les malades, les aliénés, les voyageurs, les femmes en couches,
peuvent s'en exempter. On jeûne aussi, en exécution d'un vœu, en
expiation de ses péchés. Toute espèce de nourriture est interdite
depuis le lever jusqu'au coucher du soleil. Il est interdit d'avaler
sa salive, d'avoir un rapprochement sexuel, de se baigner, de se
parfumer, de fumer, de se purger, de se faire saigner, appliquer
une ventouse ou un vèsicatoire.
   Les prescriptions relatives à la nourriture sont empreintes d'une
haute fantaisie que je constate, sans prétendre l'expliquer. Elles
peuvent se résumer ainsi : Ne jamais manger les animaux morts,
les animaux aquatiques sans écailles, ceux qui tiennent du serpent,
les huîtres, les chiens de mer, les chiens, les chats, les rats, les
porcs et tous les carnivores : le sang, le foie, les parties génitales
de tous les animaux. Le cheval, l'âne, le mulet, sont déconseillés.
Les animaux permis cessent de l'être quand ils ont mangé des ex-
créments humains, bu du lait de truie, du vin, ou se sont accouplés
avec des animaux impurs.
   NOVEMBRE 1883. — T. VI-                                  31