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    <416                       LA REVUE LYONNAISE
    fttt le précepteur du défunt czar Alexandre II), soit le peu de passion que le cri-
    tique apporte à le célébrer, je retire une impression plus froide de ce long récit,
    le plus long du volume. Les digressions finales sur les Fêtes du Centenaire
    (janvier 1883) ne justifient qu'à peine le sous titre du morceau, un peu téméraire
    selon-moi: Du patriotisme littéraire en Russie. Les Russes, quoi qu'on dise,
    n'ont jamais tenu leur langue nationale à très grarid honneur. Nuls ont été jus-
    qu'ici leurs efforts pour répandre hors de chez eux la renommée de leurs grands
    hommes. Mérimée traduisant Gogol, Tourgueneff, Pouchkine, a fait soupçonner
    en deçà du Rhin une littérature russe au dix-néuvième siècle. Personne encore
    n'avait insisté sur Joukovski. Rendons grâce à M. Condamin de nous avoir
    expose la vie et l'œuvre de ce grand poète modeste qui a été l'instaurateur des
    lettres russes, le maître de Pouchkine et le parfait modèle du poète patriote.
        Je n'ai plus de réserves à faire devant les portraits de Longfellow et de Paul
    de Saint-Victor, images caressées avec amour par le pinceau dû critique, qui se
    laisse aller à l'attendrissement et de l'attendrissement à l'éloquence, pour se révé-
    ler lui-même un maître écrivain. Lisez plutôt tellespages du Paul de Saint- Victoi'
    qu'il nous met sous les yeux. Vous reconnaîtrez dans l'auteur une faculté assimila-
    trice tout à fait rare et originale et qui fait présager dans cette critique des critiques
    un art personnel et nouveau. Et sur ce thème encore : La ballade du roi de
     Thulé, quelles variations amoureuses d'un virtuose, d'un artiste épris de son
    art. Un grand point y est mis en lumière, que, des nombreux interprétateurs
    de la pensée de Gœthe, c'est un français, un grand musicien français, Gounod,
    qui s'est le mieux identifié avec elle. Car cette simple ballade est une. de ces
    œuvres qu'une organisation géniale et olympienne peut seule concevoir!..
        Nous aussi, les félibres, nous avons notre Gœthe et il a son Roi de Thulé.
    Quand Mistral empruntant sa Chanson de Magali à une tradition populaire, la
    change, sous sa baguette merveilleuse, d'informe qu'elle était, enperleet en joyau,
    il fait, lui encore, œuvre d'art souverain et transformation de génie.
        Mireille et Calendal ne représent-ils pas et le premier et le second Faust,
    chez Mistral. L'un plus humain, plus lumineux de simplicité naturelle, l'autre plus
    abstrait, plus profond. Tout le poème de laProvence est dans Mireille et Calendal
    comme le poème Bu doute est dans les deux Faust                L'une et l'autre de ces
    créations sereines, microcosmes de poésie, tendrait à s'effacer du monde, qu'une
    simple chanson (Magali efc le Roi de Thulé) les rendrait sans cesse à la vie. . '
        Car voilà les poètes ! Imposer à l'esprit des peuples une conception univer-
    selle, humaine, quand ils l'ont retrempée aux sources de leur âme — et la faire
    a jamais régner sur leslèvres des hommes!...
      ' Cette puissance vient d'en haut. Il plane seul au-dessus de la foule celui-là
    qui eu est possédé. Mais on a vu parfois do telles âmes se répondre. La mélo-
    dieuse élégie • du Roi des aulnes, a-t-ellu plus coûté à Gœthe qu'à Schubert ?
    A peine pour chacun le temps de poser sa pensée!
     °-Et voilà des œuvres dont la gestation fut courte qui seront ailées cependant
    pour un vol immortel !
        Je n'en- finirais pas avec les digressions. Après de belles pages sur Gœthe,
    Schiller et Lessing, à propos du dernier travail de M. Paul Stapfer, un éminent
%   critique,-et qui me rappellent certaines brillantes conférences de l'auteur â la'
    Faculté libre des Lettres de Lyon, il nous entraîne avec lui des combats de tau-'
    rëaux aux grottes d'Adelsberg, puis de l'Exposition de Trieste, où il nous