page suivante »
392 LA R E V U E LYONNAISE AUGUSTE, le neveu de Jules César, jeune, obscur, inexpéri- menté, héritier d'un nom qui le condamne à l'empire du monde, cruel par système, sera le fléau de l'univers jusqu'au jour où il pourra en être les délices. Que lui importe la voie ? Le terme lui est tout. Au besoin, il proscrira ses amis, il grandira ses adversaires. Comme le bouchon de liège plongé dans l'eau, il tend vers le haut de toute sa nature. Autant Octave fut ingrat, inexorable, vindicatif, autant Auguste apparaîtra plein de mansuétude, je dirai même de bonhomie. Qui immole Cicéron et pardonne à Cinna? Qui couvre de cadavres l'Italie et l'Orient, et pleure les légions de Varus? Qui fait pendre cet es- clave coupable d'avoir mangé une caille rôtie, et sauve un autre esclave qui vient de briser par mégarde les cristaux de Vedius Pollion? Octave, Auguste. Ainsi l'ambition contrariée rend les hommes féroces, et, satis- faite, leur persuade la douceur. Pourquoi Octave ne posséda-t-il Rome en naissant? 11 aurait peut-être toujours été Auguste. * POMPÉE, né patricien, fut l'homme de l'aristocratie; César, né aussi patricien, fut l'homme de la démocratie ; Cicéron, plébéien par la naissance, patricien par éducation, sans cesse entre Pompée et César, en attendant l'heure de sombrer dans le gouffre où manque rarement de tomber l'irrésolu qui veut tenir le milieu entre deux courants contraires. * Un historien ministre s'est rencontré, parlant comme historien des rois fainéants avec un dédain suprême; comme ministre, vou- lant que les rois régnent et ne gouvernent pas. Toujours certains noms réveilleront certains préjugés.