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378 LA R E V U E LYONNAISE Puis lèvent tourna au poème didactique; et Y Imagination, les Trois règnes, l'Homme des champs, la Navigation, la Pein- ture, les Plantes, etc., etc., etc., ouvrant leurs ailes pesantes, prirent leur vol vers l'inconnu, bien loin, si loin que l'on n'a plus entendu parler d'eux. On disait l'épopée, non pas morte seulement, mais bel et bien enterrée. On le disait et on le pensait .., tandis que l'immortelle sortait du tombeau, transfigurée comme le papillon. Malgré l'oracle de Boileau, malgré tant de chutes épiques qui lui donnaient raison, malgré l'opinion qui tenait la cause pour jugée en dernier ressort et sans appel, l'épopée réclama sa place au soleil, l'épopée chrétienne! Elle chanta Dieu, le ciel, l'enfer, les anges, les saints; l'homme : son péché, son exil, son rachat, son prochain rapatriement; le prêtre : son humble royauté, son héroïsme obscur... C'était chré- tien, ai je dit, ce n'était point catholique. L'hérésie aussi est chré- tienne! le schisme aussi est chrétien!... La vérité était reçue... à correction. Sous prétexte d'art, au fond par respect humain, on ro- gnait ceci, on changeait cela. On pensait embellir ce que l'on far- dait. On recousait à la robe une et immaculée de l'Eglise les étoffes d'emprunt dont elle ne voulait pas. « Glorification! » affirmait le poète; le prêtre répliquait : «Profanation! » Témoin, la Divine Épopée, d'Alexandre Soumet, et Jocelyn, d'Alphonse de Lamartine. La lyre peut chanter tout ce que l'âme rêve. L'un a dit cela, l'autre se l'est dit... Erreur funeste! Ils le com- prirent trop tard. A la vérité, l'âme rêve souventes fois des impertinences. A-t-elle tort? Si, oui, la lyre ne saurait avoir raison. Si Lamartine et Soumet eussent écouté leur foi, et non une vaine et coupable fantaisie, combien leur talent s'en serait accru! Et que leur nom fût allé plus haut et plus loin, porté sur ces deux ailes angéliques : « Vérité et poésie » ! * ** L'étymologie, la véritable étymologie, est bonne et utile. Elle profite au grammairien, au poète, à l'orateur, à l'historien, au