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LE MUSEE DES PEINTRES LYONNAIS 327 Vert. Le coloris en est juste, lumineux et sans exagération ; le dessin, d'une correction remarquable. On ne conçoit pas que ce petit épisode d'un poème badin puisse mieux être interprété. On peut citer d'autres tableaux de ce maître qui ne sont pas ici : Blanche de Caslille, dont le Bulletin de Lyon du 27 août 1808 fait l'éloge avec la phraséologie ampoulée de l'époque, et Valentine de Milan, exposée au Salon de 1802, dont la gravure se trouve dans les Annales du Musée de Landon. GRANDON. — Ce peintre, trop peu connu aujourd'hui, peut être mis au rang des meilleurs peintres de portraits du dix-huitième siècle; il fut le peintre en titre de la ville après Sevin, et avant Nonotte, et Greuze fut son élève. Le Musée ne possède de lui que son propre portrait donné par M. Bouchacour. Bien que d'une très remarquable exécution, il estdepetile dimension et ne peut pas donner une idée complète de son talent. La galerie des échevins à l'Hôtel de Ville devait contenir plusieurs de ses ouvrages, la Révolution les a détruits. Il en reste encore dans quelques familles, et j'en connais deux qui ne sont pas inférieurs aux plus belles toiles de Rigaud et de Largillière, GRANDON, en 1737, fit le portrait du père Brydaine prêchant à Saint-Nizier, il a été gravé par Séraucourt. Je possède ce portrait venant de la collection d'Alexis et que je dois à la bienveillance de M. Lays, son héritier. C'est une simple esquisse sur papier, mais dessinée et peinte de main de maître. Malheureusement elle a souffert, a été rognée sur les bords et l'on ne voit plus la main qui tient le crucifix. La figure et le surplis sont d'un coloris et d'un modelé parfaits. BIARD fut aussi un des peintres à la mode sous le règne de Louis- Philippe. La mode est inconstante et je crains bien qu'aujourd'hui il n'en subisse les réactions, il a fait de bons tableaux, mais il faut avouer que les sujets étaient assez vulgaires, bons pour des litho- graphies courantes: comme ils reproduisaient des types passagers, souvent des caricatures, au bout de quelques années, leur sel a perdu sa saveur et leur esprit est insaisissable. Ainsile Voyage en diligence et les Grisettes d'Henri Monnier, ces chefs-d'œuvre pour- tant deviennent des hyéroglyphes pour la génération présente. La Diseuse de bonne aventure du Musée lvonnais est traitée à ravir.