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310                 LA R E V U E LYONNAISE

célèbre baron Thénard, président de la Compagnie et ami de
M. Locard père, appela son fils à participer à la réfection de cette
voie ferrée encore si imparfaite. Sa première mission fut la recon-
struction totale du matériel destiné au transport des voyageurs ;
cette mission fut des plus difficiles, le matériel des chemins de fer
était aussi, à cette époque, dans l'état le plus rudimentaire ; on
n'avait aucun modèle pour s'inspirer, aucune expérience pour s'é-
clairer. Néanmoins, M. Locard ne s'effraya pas de cette lourde
tâche, il créa différents types nouveaux parmi les modes de loco-
motion alors employés. Il fut notamment le premier à adopter le
système des voitures à huit roues. Tout en construisant ce matériel
considérable, il fut investi des fonctions d'ingénieur en chef et eut
alors à pourvoir à la réfection de la voie qu'on avait établie, à
l'origine, avec une trop sévère économie. Il la modifia successive-
ment pour satisfaire à tous les nouveaux besoins ; ainsi il éleva de
nombreux ponts entre Lyon et Rive-de-Gier. En 1839, il con-
 struisit à Perrache le premier pont fait en France d'après le système
adopté en Amérique, et, en 1848, il acheva, dans la même localité,
un des premiers ponts tubulaires bâtis en France. Ce fut aussi à
 son habile direction qu'on dut la construction des grands ateliers
 circulaires encore aujourd'hui en pleine activité, dans la presqu'île
 de Perrache et d'une surprenante solidité quoique édifiés sur un
 terrain mouvant et vaseux. En même temps, il élevait les anciennes
 gares de Perrache, de Givors, de Rive-de-Gier et de plusieurs sta-
 tions intermédiaires. Il refaisait aussi en entier le tunnel de la
 Mulatière, travail d'une extrême difficulté par la nature du terrain
 qu'il traverse.
   Mais son œuvre la plus importante fut celle qu'il exécuta en 1840,
 à la Mulatière, à l'ancien confluent de nos rivières. Une terrible
 inondation venait d'y renverser le grand pont du chemin de fer.
 Pendant cette catastrophe, M. Locard remplissait en Angleterre
 une mission scientifique et industrielle. Rappelé en toute hâte à
 Lyon, il.y trouva un pont provisoire jeté sur la Saône par M. l'ingé-
 nieur Seguin, le lendemain du désastre du 4 novembre.' Mais c'était
 une bien frêle construction, pour ainsi dire improvisée dans un
 moment de détresse ; on ne pouvait y faire passer que quatre wa-
 gons à la fois, les voitures des voyageurs devaient traverser isolé-