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300 DES V E R B E S Je crois, de plus, qu'en aucun cas nous ne pouvions avoir ablayî par la raison qu'ablagia nous est très probablement venu par l'intermédiaire d'un fréquentatif latin ablitigare, que l'on re- trouve dans le latin du moyen âge, où il n'a certainement pas été introduit par les clercs du temps. Cet ablitigare figure trait pour trait dans le gascon moderne ablatuga. Or, ablitigare devenait ablit'gare par la chute de l'atone, et g, n'étant pas entre deux voyelles, devait persister. D'où je tiens ablagia, ablagî, pour suffisamment excusé de n'être pas ablayî. Il n'est pas impossible que, dans un moment de méchante humeur, "quelque philologue chagrin ne me jette aunez, parlant par respect, le mot de caquer (cacare), si usité à Lyon; à telles enseignes qu'à Paris on reconnaît les Lyonnais à son emploi. Pardon mille fois de ma grossièreté ; mais la philologie est comme la médecine, elle est obligée de nommer les choses. Et je suis au moins aussi excusable que M. Zola, qui a écrit le mot tout au long dans Pot-Bouille sans y être autrement forcé que par les exigences du beau style. Voilà , me dira-t-on qui va contre vos règles. — Pardon Ce mot, si commun au Gourguillon, n'est point lyonnais d'origine. A preuve, qu'il est in.connu dans nos campagnes, lesquelles ont emprunté le mot, plus abject, du français populaire, en trans- formant la finale er en o. Cacare en lyonnais eût donné chayî. En provençal, il a donné régulièrement cagar, provençal moderne caga. Nous n'avons point tiré notre mot urbain du provençal, car g ne remonte point à c. Nous ne l'avons point fabriqué nous- mêmes du latin, car chez nous c initial devant a devient ch, et c médial tombe entre deux voyelles ou se transforme en yotte. Un très docte philologue, à qui j'ai demandé son avis sur cette ques- tion délicate, croit que c'est simplement un mot de formation sa- vante1. Au fait, ces savants sont capables de tout. * Le mot, en effet, n'est pas moins contre la formation française que contre la formation lyonnaise. PUITSl'ELD. (A SUivre.) D e l ' A c a d é m i t (lu G o u r g u i l l o n