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                 LE RECTEUR DE VALLFOGONA                          281
 s'aliter. La maladie fut longue ; enfin, aux derniers jours d'août,
il sentit que sa mort approchait, et dicta son testament à son sup-
pléant qui fit, pour ce, fonction de notaire. Il lui dicta également
un romance fort curieux, et, après avoir reçu les sacrements,
s'éteignit dans les bras de sa vieille mère le 2 septembre, à l'âge de
quarante et un ans, huit mois. L'extrait mortuaire nous apprend,
qu'en exécution du vœu qu'il exprimait, on l'enterra dans le ci-
metière sacerdotal de l'église de Vallfogona.
    C'avait été, nous disent ses biographes, un homme de médiocre
stature, blanc de peau, le front large, les yeux noirs et vifs, la
bouche grande mais point laide, les lèvres un peu épaisses, la barbe
et les favoris bouclés et longs. Sa physionomie était douce, d'après
un autre document ; son caractère mi-joyeux et mi-grave, il était
modeste et simple dans ses goûts; enfin ne craignant pas la plaisan-
terie un peu chaude comme tous les méridionaux, tenant ainsi sa
place entre Rabelais — dangereux modèle s'il l'eût trop imité — et
notre bon doyen de Celleneuve, lecuréFavre, trop peu connu dans
le Nord, et imparfaitement apprécié par ses compatriotes, qui ne
savent de lui que ses oeuvres vulgaires et d'un sel douteux. Moins
érudit, moins pédant dans la forme, le digne prêtre languedocien
serait un pendant au portrait du recteur de Vallfogona.



                                  II

   « Garcia est le poète du temps où il vivait, et de la secte poétique
à laquelle il était pour ainsi dire affilié. Il n'y a presque pas de
poésies de lui qui ne portent écrit le numéro du siècle où on les com-
posa. Il y en a fort peu, et celles -là même seulement dans
quelques parties — qui nous fassent connaître ce qu'était, ce que
pensait ou sentait le poète. Gomme bien d'autres esprits dans son
temps, Garcia se dépouilla des brillantes et nombreuses qualités dont
le ciel l'avait gratifié, pour revêtir la livrée quelque peu fripée des
imitateurs de Gongora et de Quévedo. Garcia quévedisait presque
toujours sans s'en rendre compte; parfois, comme il le disait lui-
même, il gongorisait, mais bien rarement il était poète. »




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