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                     LE R E C T E U R      DE    VALLFOGONA                           277
  « Vallfogona et son district, telles devraient être vos prome-
nades et non pas ces rues de Barcelone où l'on vous voit faire
tant de tours.
   « L'on dit que les brefs et le droit à tous permettent deux mois d'ab-
sences; si l'on comptait par journées vous en prenez bien quatre. »
                      Vallfogona y son districte
                      Es vostre passeitg, y no
                      Los carrers de Barcelona
                      P e r los quais donau tants torns ' !


   Le recteur n'était probablement pas bien coupable puisque son
archevêque semble autoriser ces irrégularités en le chargeant
d'accompagner le vice-roi, marquis d'Almazan, à la fête de Santa
Tecla, à Salon. Peut-être fut-il ensuite chargé de classer les ar-
chives de l'évêché de Tarragone? mais le fait n'est pas absolument
certain.
   Avec quelle joie, après ses voyages, il regagne le modeste toit
de son presbytère ! Là, loin du tumulte de la ville et des intrigues
des courtisans du vice-roi, il reprend sa vie de campagnard et la
décrit dans une romance pleine d'une saveur toute régionale et
vraie. C'est de la poésie vécue dans le sens littéral du mot :
   « Quand l'aurore illumine le ciel de sa blancheur et de sa pour-
pre et que le soleil pur du matin chasse les ténèbres, les rayons
pénètrentpar les portes. De leur resplendissante chaleur, ils m'éclai-
rentpour que je m'habille, laissant là les draps échauffés.
   « L'hirondelle éveillée me chante sans se lasser le crime de
Térée: la bavarde alouette célèbre le jour qui naît, le cochevis

   i Malgré son abaissement, le catalan n"a jamais été un dialecte : c'est une véritable
langue. N'ayant pas cessé d'être parlé et d'être écrit, au moins pour l'usage familier, il
avait conservé toutes les bases d'une langue en même temps qu'il s'était agrémenté de
toutes les nuances d'un patois. Les mots ne se terminent point par des syllabes pleines
et sonores comme en castillan; ce sont des mots tronqués après la partie essen-
tielle ; la désinence est tombée, le radical a seul subsisté. Les sons en deviennent
plus riches, plus abondants, diversifiés par des élisions nombreuses; un grand nombre
d'onomatopées colorent et fortifient la phrase, l'inversion y suit des règles tout à fait
différentes de celle du latin; ce seraient bien plutôt celles des langues d'origine
germanique. Tous ces caractères contribuent à faire du catalan un des idiomes les plus
faciles à rythmer et lui donnent même des avantages sur ce point sur les autres (lan-
gues néo-latines,




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