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                             PENSEES                             237


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   Shakespeare : plus grand que l'histoire, aussi grand que la
poésie, il suffirait lui seul à la littérature d'une nation.
   Addisson : Shakespeare est un océan, Addisson, un aquarium.
   Milton : il chante l'extase comme Gabriel, la haine comme Lu-
cifer, l'amour comme Eve, le repentir comme Adam.
   Goldsmith : Son Vicary of Wakefield traduit par Charles
Nodier s'attache à la mémoire comme avec deux clous d'or.
   Walter Scott : l'histoire revit dans ses romans, si honnêtes, si
délicats, si vrais... lorsqu'il résiste à la tentation de dauber les
moines.
   Thomas-Moore : quel parfum de patrie dans ses stances qui
volent légères et fraîches comme les brises !
   Byron : un pur sang svelte, fier, hardi, impatient du frein,
ennemi de l'éperon, indocile aux coups de cravache, que l'on es-
time vicieux et qui n'est que fantasque.
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   Jules Janin : il écrit, après il pense.
   Charles Nodier : un peu de tout, beaucoup de rien.
   Joseph Autran : un petit coquillage, où bruit la grande mer.
   Déranger : le recueil de ses chansons passa d'abord pour un
monument de patriotisme ; le temps viendra, s'il n'est déjà venu, où
ce même recueil sera, ni plus ni moins, un curieux répertoire des
impiétés, impuretés, et vanités qui eurent cours dans une grande
nation égarée, à une triste époque de son histoire.
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   Vigny est surtout grec, Musset surtout gaulois; Vigny a plus de
nombre, Musset plus de verve ; Vigny plus d'art, Musset plus de
naturel; Vigny est délicat, Musset est fin; Vigny est ingénieux,
Musset est spirituel.
   Vigny fut d'abord biblique, presque religieux, puis il devint peu
à peu sceptique ; Musset, longtemps obscène et impie, connut, vers
la fin, le remords, le repentir peut-être Je parle du poète, car