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                              PENSÉES                             231

c'est qui en restera? Si j'obtiens du renom, à quoi le devrai-je? A
mon grand Dictionnaire limousin ? A mes chansous lemouzinas ?
A ces pensées? Je voudrais le savoir, mais comment le savoir?
Laissons àl'avenirses secrets, et confions-nous à Dieu.

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   « ...C'est une humeur mélancolique, produite par le chagrin de
la solitude, qui m'a mis premièrement en tête cette rêverie de me
mêler d'écrire. Et puis, me trouvant entièrement despourvu, et
vuide de toute aultre matière, je me suis présenté moy-mesme à
moy pour argument et pour subject. » (Essays, Livre II, ch. vin.)
   Ces raisons de Montaigne sont les miennes, à la différence de
son merveilleux esprit, de sa haute position, de sa grande science
et de son expérience rare. Ce « chagrin de la solitude » qu'il a
connu seulement dans une part de sa vie est mon compagnon de
route depuis ma jeunesse. De plus, les Essays, fruits d'une mé-
lancolie ennemie de sa complexion naturelle, diffèrent bien de mon
ébauche où se remarque beaucoup de tristesse, voire même un peu
d'amertume.


      LITTÉRATURE-LITTÉRATEURS,             POÈTES-POÉSIE,
                             CRITIQUE


  Un auteur a pour ses ouvrages plus de sentiment que de raison.

                                  *

   Duc de Saint-Simon : scrupuleux jusqu'à se demander s'il a
été assez médisant.
                               *
   Jean-Baptiste Rousseau : un écho de David, un reflet de Pin-
dare, une ombre d'Horace.
   Beaumarchais : une joyeuse journée d'automne que la chute de
quelque feuille desséchée frappe çà et là d'un bruit sinistre.
   Buffon : tête d'or, poitrine d'argent, jambes d'airain, pieds d'ar
gile, comme la statue de Daniel.