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           LE SALLON DES ARTS A LYON, EN 1786                    167
   Deux ou trois grands noms traversent et éclairent cette aurore
un peu pâle des expositions lyonnaises. Le Titien, Portrait    de
l'Arioste, — Sébastien Bourdon, La fuite en Egypte ,— Le
Garavage, Paysan mordu par une écrevisse.
   Mais quelle certitude avons-nous aujourd'hui de leur authenti-
cité, et que sont devenues ces œuvres placées sous un si haut pa-
tronage artistique ?
   Le lyonnais Chinard (1756-1813) brille au premier rang des
sculpteurs avec un buste de Laocoon, la Vestale, et la Tête de
l'Amour, trois copies d'après l'antique. Il vient de remporter le
premier prix de l'Académie de Rome, auquel furent admis à con-
courir les artistes de tous pays et dont le sujet était Persée déli-
vrant Andromède. Le musée de Lyon possède une copie de ce
beau groupe, et non loin de lui, son maître, Biaise, sculpteur
du roi, artiste de talent dépassé par son élève, expose aussi « deux
grouppes en terre cuite » non dénommés.
   Nous retrouvons ici les traits de l'abbé La Croix, obéancier de
 Saint-Just, auquel appartenait le privilège de complimenter le pre-
mier les têtes couronnées et grands personnages à leur entrée dans
notre ville.
   C'est un buste en marbre, exposé par Clément, professeur à
l'Ecole normale. Cet artiste présentait aussi un buste de feu
Nonotte et un autre de M. de Montverd, chevalier de Saint-Louis.
   Poncet, sculpteur habile, des académies des Arcades, de Bou-
logne, associé de celle de Lyon en 1775, avait envoyé de Rome
une Vénus couchée, en stuc. Poncet fut l'auteur d'un buste célè-
bre de Voltaire qu'il fit en 1776 pour une académie italienne. Le
philosophe le remercia en écrivant à d'Alembert que cet artiste
était « unProméthée qui communique à l'argile le feu céleste qu'il
a dérobé. »
   Enfin pourquoi ne pas citer Curtius, le modeleur, créateur du
célèbre cabinet d'images en cire? Il expose à Lyon sous le n° 84,
le portrait de Mrae XXX, — en cire, bien entendu.
   Parmi les dessinateurs, et pour nepas abuser de la patience du
lecteur par une trop longue énumération, je citerai rapidement :
Bidaut (cascade de Tivoli), Boily, dessin du portrait du lieute-
nant-général de police, Prost de Royer, qui devait être gravé par