Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                L'ORIGINE DU MOT LATIN ARBITER                     127

vaut dans arbiter, n'en aurions-nous pour preuve que les vers si
connus d'Horace i :
                             "'                Noti,
                          Quo non arbiter Hadria?
                      Major, tollere seu ponere vult fréta.

   « Le Notus, l'arbitre le plus puissant au gré duquel l'Adriatique
soulève ou calme ses flots. »
   Le sens juridique d''arbiter découle de la manière la plus na-
turelle de son emploi primitif dans l'acception de maître.
   L'arbitre, à la différence du juge, suit les règles de l'équité, au
lieu de celles du droit écrit; c'est-à-dire qu'il tranche les différents
d'après sa propre volonté, son libre arbitre, — ou arbitraire-
ment, sous la seule garantie que présente ce qu'on sait de son
intelligence et de sa droiture.
   Quant au sens le plus fréquent du verbe arbitror, il est inti-
mement lié à ce dernier.
   Dans le dialogue suivant d'une pièce de Térence :
   Civem ne?— Arbitror : certumnonscimus.
   « Un concitoyen? » — « Je le crois ; mais-je n'en suis pas sûr; »
a, bitror signifie évidemment estimer, prendre parti entre diffé-
rentes possibilités, comme un arbitre décide motu proprio entre
deux plaideurs.
   L'évolution significative indiquée d'après toutes les vraisem-
blances logiques, il nous reste à chercher la véritable étymologie
du mot qui nous occupe. Pour moi, je n'hésite pas à la voir dans la
racine sanskrite grabh, originairement et généralement, arracher,
déchirer, tirera soi, prendre, mais aussi, par extension, tenir bon,
posséder, maîtriser. Cette racine a donné de nombreux dérivés
dans toutes les langues indo-européennes. Nous la retrouvons,
moyennant différentes modifications phonétiques régulières, dans le
grec XASTITM, prendre, voler; le latin carpo, prendre, enlever; l'alle-
mand greifen, saisir; l'anglais grasp, même sens, et dans nos
mots français griffe, agripper, etc.
   Souvent cette racine a perdu la consonnejçutturale g qui lui sert


   Odes, I, m, iv eiseqq.