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34                   LA R E V U E LYONNAISE

   Cette déclaration écrite, il avait quitté Lyon. Mais cet aveu, qui
ne paraît pas avoir été connu des échevins avant le 30 juin, causa
une vive surprise dans toute la ville. Les trois échevins, demeurés
en exercice, en furent surtout vivement impressionnés. Car il
savaient combien il eût été dangereux d'être considérés, à un titre
quelconque, comme complices du prévôt des marchands et même
seulement d'avoir eu connaissance de l'acte qui lui était reproché.
   Ce sentiment de crainte apparaît, dans toute sa naïveté, dans
deux lettres écrites le 2 juillet 1666 par le corps consulaire, la
première au maréchal duc de Villeroy, gouverneur de la province
du Lyonnais, et la seconde à l'archevêque de Lyon, Camille de
Neuville de Villeroy, son frère, qui l'un et l'autre, se trouvaient
à ce moment à la Cour, auprès du Roi :
   « Monseigneur, écrivaient les échevins à ce dernier, ce ne peut
estre qu'avec un très vif sentiment de douleur, que nous vous don-
nons la triste nouvelle de l'éloigneraent de M. de la Veuhe, prévôt
des marchands de cette ville et de la surprise que nous a causé
l'adveu, qu'il a fait, en se retirant, d'avoir esté le seul autheur de
l'entreprise faicte contre le sieur Lanchenu, par une déclaration,
qu'il a laissée et qui est aujourd'hui d'une notoriété publique. Sa
douceur naturelle et la conduite, qu'il avoit tenue jusque-là, en
nous permettaient pas de concevoir un semblable soupçon et quoi-
qu'onasseureque,par cette confession pleine d'ingénuité,il a déclaré
qu'il n'avoit eu dessein que de venger une offense particulière, et
qu'il avoit donné des ordres moins violents que l'exécution, qui en
avoit été faicte, nous n'aurions, toutefois, jamais pu nous imaginer
 qu'il eust été capable d'une semblable résolution. La plus grande
 matière de consolation qui nous reste, Monseigneur, est d'estre
 convaincu que vous nous avez fait la justice de croire notre inno-
 cence aussy entière que notre ignorance sur ce sujet...»
    « M. l'intendant et ceux qui sont venus en cette ville, par com-
 mission de Sa Majesté, ont reçu des preuves assez fortes de la
 sincérité de ces protestations, par la soubmission qu'ils y ont
 remarquée de toutes parts, bien que l'estime et l'inclination de nos
 concitoyens fut presque universelle pour ledit prévôt des mar-
 chands, auparavant cette action. Les moindres murmures du peuple,
 qui sont inévitables, lorsqu'il a donné son cœur à un magistrat, on