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                           UN P R O C E S C R I M I N E L A L Y O N                            33

et intendant delà province du Languedoc, venait d'arriver aussi.à
 Lyon pour y remplir la môme mission. Et, chaque fois, le Consulat
s'empressait d'envoyer deux.de ses membres auprès des deux délè-
gues de la justice royale, et à chacun d'eux aussi, il n'oubliait
d'offrir, suivant un usage constant et qui est un trait de mœurs du
temps, « Jes présents ordinaires de vin, par les mandeurs, à la
 manière accoutumée'. »
   A ce moment encore, les trois écheviiis demeurés en exercice
 ignoraient la véritable raison de l'absence du prévôt des marchands
et du premier échevin Prost; mais ils la connurent bientôt.
   En apprenant r # arrivée à Lyon delà Commission extraordinaire,
envoyée pour punir les auteurs des actes de violence dont se plai-
gnait Lanchenu, Laurent de la Veuhe comprit toute la gravité de la
situation. L'information pouvait bien n'amener aucune révélation à
sa charge. Mais ne devait-il pas lui répugner d'avoir, comme pre-
mier magistrat de la cité, des rapports officiels et répétés avec les
membres d'un tribunal criminel, chargé de réprimer un délit dont
il était le véritable coupable? N'avait-il pas encore plus à redouter
de voir s'égarer les soupçons de la justice, et frapper des innocents
d'une peine imméritée?
   Laurent de la Veuhe avait le cœur généreux et bon. Aussi
n'hèsita-t-il pas à faire un aveu complet de sa faute, dans une
déclaration écrite, destinée à être transmise à ses juges. Lui seul,
disait-il, était coupable. Mais il avait été insulté par Lanchenu
dans sa propre demeure, et il n'avait pu résister au désir de se
venger d'une offense toute personnelle. Encore n'avait-il voulu lui
infliger qu'une simple correction et ne pouvait-il être responsable
du zèle excessif de ses agents, qui s'étaient livrés à des actes de
violence qu'il n'avait point ordonné de commettre.'


   1
     Archives de Ja ville de Lyon, BB. 2 ï l , f" 167 el 1(58. — Cet usage qui était g é -
néral autrefois, est rapporté, de la m a n i è r e suivante par M. Charles Louandre :
« Lorsque les rois ou quelques g r a n d s p e r s o n n a g e s faisaient leur entrée solennelle
dans une ville, il était d'usage de leur offrir des présents. Au nombre de ces présents
étaient des barils ou des crucliesde vin. Cette coutume s'est conservée dans quelques
villes de la F r a n c e du Nord. C'est ce que l'un appelle encore aujourd'hui offrir le vin
(Vhonnuur ;umis comme il n \ a pins de rois, c" son! les d é p i t é s ou les pompiers
qui sont l'objet de cet h o m m a g e . » {Cln'fa-d'muKrcs       tlex eoulcivs  fi mirais   nrcnt
Lu Fontaine,       1050-1650,p. 359).
    J U I L L E T 1883.   — T. AI                                                     3