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                      MOLIERE ET LE DU KL                           23
   Ce n'est point dans les exemples que nous venons de rapporter
qu'il faut, ce nous semble, chercher la pensée véritable de Molière
et les traits que nous- all,;n^ maintenant recueillir montreront plus
exactement le fond de son sentiment. Aller sur le terrain pour le
motif le plus futile, parce que c'est l'usage et qu'un galant homme
ne saurait y déroger, n'est-ce point là déjà un ridicule ? Sgana-
relle le (Mariage forcé) dont la belle flamme pour la coquette
Dorimène s'est complètement [refroidie en entendant celle-ci lui
débiter ses opinions, qui sont des plus avancées... pour l'époque,
sur le mariage, vient d'apprendre au père de celle-ci qu'il renonce
à l'honneur de son union : et gaillardement il se frotte les mains,
croyant que tout est fini, ravi de se trouver quitte à si bon compte.
Mais le digne homme a compté sans son hôte, nous voulons dire
sans le frère de la délaissée. Qu'on lise cette scène désopilante où
le jeune homme déclare au pauvre Sganarelle sur le ton le plus
doucereux et le plus affable qu'il est venu pour se couper la gorge
avec lui et qu'il faudra s'y résoudre, ou bien épouser, sous peine
d'être impitoyablement bâtonné, et l'on conviendra que celu qui
a écrit cette page si pleine de verve regardait la manie du combat
singulier comme une chose des plus dignes de satire.
   Et ces spadassins que nous rencontrons si fréquemment dans
son œuvre, ces braves dont le métier est de se battre pour de
l'argent contre tous venants, qui jurent toujours « par la mort !
par la tête! par le v e n t r e » ! les Sbrigani, les la Rapière, ne
sont-ce point d'excellentes caricatures des duellistes à tous crins si
nombreux sous les règnes qui précédèrent celui de Louis XIV et
dont la race n'était probablement pas complètement éteinte ?
   Si des coquins de cette espèce font si bon marché de leur
propre vie et de celle du prochain, est-ce un motif pour qu'un
hommedebien n'aitpas la sienne en plus haute estime etn'yregarde
pas à deux fois avant d'aller exposer sa poitrine à la lame d'un
bretteur ?
   Est-ce preuve de courage d'envoyer un cartel ou de l'accepter,
et faut-il faire grande estime de celui qui ne sourcille pas quand
brille l'éclair des épées?Pas toujours, nous répond notre comique.
M. Jourdain qui ne veut rien ignorer des belles choses que savent
les gentilshommes prend des leçons d'escrime, tout de même qu'il