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        MOLIERE ET LE DUEL


  Nous nous sommes proposé de rechercher quelles avaient été les
idées de Molière sur la matière du duel. Ce grand frondeur de r i -
dicules, ce critique achevé des passions et des faiblesses de l'hu-
manité a-t-il, dans ses immortelles comédies, attaqué un préjugé
d'autant plus redoutable qu'il semble se fonder sur l'apparence des
plus nobles sentiments? N'a-t-il pas craint, au contraire, de heurter
de front l'opinion, cette reine du monde ? Telle est l'étude à laquelle
nous avons consacré les pages qui vont suivre.


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   Tradition regrettable du moyen âge et de la chevalerie, le duel
était resté en grand honneur parmi les membres de la noblesse
française. S'il faut en croire Pierre de l'Etoile (sur l'année 1609,
27 juin) et les auteurs contemporains, depuis l'avènement de
Henri IV, en 1589, jusqu'à la fin de 1608, sept out huit mille gen-
tilshommes avaient péri en combats singuliers. Un édit de 1609, re -
prenant une ancienne coutume, s'efforça de remédier à ces maux
en autorisant, dans certains cas, le combat, qui ne pouvait avoir
lieu qu'avec la permission expresse du roi. : les peines les plus
sévères continuaient à frapper ceux qui se battraient sans avoir de-
mandé cette autorisation. Les heureux effets de cette sage mesure
ne furent pas d'une longue durée. Après la mort de Henri IV, la
 fureur des duels recommença. « Les duels, dit Richelieu dans ses
       JUILLET 1883. — T. VI.                                 2