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                                LES


       GRÈS DE BOUSCARDON
                — MŒURS E T PAYSAGES CÉVENOLS —




   Ce sont de nobles montagnes que les Gévennes. Moins élevées,
moins grandioses que leurs sœurs aînées les Alpes, elles sont du
moins toutes françaises, et leurs arêtes verdoyantes et leurs pics
dénudés plongent au loin et des deux côtés leurs racines dans la
terre de France.
   Dans ce pays pittoresque de hautes collines et de vallées, le sol
est pauvre. Bondissant du sommet des « serres », les torrents se
précipitent vers la plaine inégale, et lorsqu'ils s'enflent pour for-
mer, réunis, une rivière rapide, un « gardon », souvent ils dé-
passent les larges lits qu'ils se sont creusés, et d'une crue subite,
irrésistible, ils ravagent la plaine, après avoir raviné les pentes
des montagnes.
   Il y a autant de gardons qu'il y a de vallées dans les Cévennes,
mais parmi les principaux, le gardon de Saint-Jean et celui de
Mialet, enserrant la Gardonnenque d'une double et longue chaîne
d'argent, se réunissent pour former le gardon d'Anduze, lequel
passe à Alais, sous un pont monumental.
   A voir ces arches largement ouvertes, qui semblent faites pour
laisser passer un grand fleuve coulant à pleins bords, au pied
desquelles se faufile, à travers les galets sans nombre, un mince
ruisseau, nul passant ne pourrait croire qu'à certains jours né-