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                  L E S C . H A M B R E S DE M E R V E I L L E S                  447

et d'où l'on découvrait au loin la campagne. L'eau y manquait.
De superbes aquoducs allaient en chercher jusqu'aux lieux que la
piété a consacrés depuis à saint Etienne. Le feu du ciel dévora
cette antique cité. Aujourd'hui on l'a placée entre la colline et la
Saône, et elle est resserrée dans un espace si étroit qu'elle ne
pourrait contenir tant de milliers d'hommes s'ils ne donnaient à
leurs habitations une hauteur démesurée, et s'ils n'élevaient, pour
ainsi dire, trois maisons les unes sur les autres. Chaque matin on
y est enveloppé d'un brouillard épais que le soleil ne dissipe qu'à
peine au milieu du jour. Oh ! aveuglement vraiment comparable à
celui des Ghalcédoniens l. Il est vrai que les citoyens opulents
bâtissent sur la colline au milieu des aqueducs et des ruines de
l'ancienne ville et reconnaissent par là combien leurs pères étaient
insensés. Spina2 a établi sa demeure sur un coteau d'où il voit le
Rhône, vers la gauche, et la Saône vers la droite, aller confondre
majestueusement leurs ondes, et d'où s'offre à ses regards Lyon
tout entier. Rien de plus enchanteur que sa maison et ses jardins.
Construire ainsi, c'est savoir faire le meilleur usage de son or. »
(Péricaud, Notes et documents, 35. Breghot du Lut. Mélanges,
p. 15.)
   Joachim du Bellay l'un des bons auteurs de l'époque, fut plus
indulgent pour Lyon. Il est vrai que c'était un poète. Voici le son-
net qu'il adressa à Maurice Scève :

              Scève, je me trouvay comme le fils d'Anduse
              Entrant dans l'Elysée, et sortant des enfers,
              Quand, après tant de monts de neige tout couverts
              Je vy ce beau Lyon, Lyon que tant je prise.



   1
     Les Ghalcédoniens en construisant leur ville avaient le choix de toutes les posi-
tions, mais ils préférèrent la moins avantageuse.
   On conçoit encore jusqu'à un certain point que pendant le moyen âge, l'administra-
tion peu soucieuse de la voierie et de l'hygiène publique ait laissé les habitants
entassant leurs maisons dans les affreux quartiers de Saint-Jean et de Saint-Paul
pour lesquels du reste, la municipalité actuelle ne fait absolument rien. Mais com-
prend-on que sous la Restauration on ait permis de faire tout le quartier du Griffon
dans d'aussi déplorables conditions ?
   2
     Spina, Léonard, était un riche négociant florentin établi a. Lyon au quinzième
siècle. Sa maison était sur la cô!e Saint-Sébas'ien (V. Paradin. Mém. ]pow l'his-
toire de Lyon. p. 360).