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204 LA REVUE LYONNAISE assurément les éloges de l'historien, sauf à lui enlever cette pre- mière place parmi les poètes du Midi que n'hésite pas à lui donner M. Mary Lafon Belaud de le Belaudière, à qui nous ne songerons pas en présence de Goudelin, a ce mérite incomparable (non signalé ici) d'avoir été le premier à faire œuvre d'art dans la langue renou- velée. Ses Obros provensalos, on le sait, sont les premières pages sorties d'une presse marseillaise. Mais voici que notre histoire prend une franche tournure d'an- thologie. Saluons Gautié, d'Astros, Baronet Valès de Montechs, le meilleur ; tous gascons et pour cela chers à l'historien, nous le verrons plus loin par des oublis irrémissibles dans l'histoire littéraire des dialectes voisins. Le dix-septième siècle, illuminé par Goudelin, finit sur les Folies de Sage de Montpellier, les poésies de Rousset de Sarlat et les pastorales exquises de Raymont de Gourtet, sieur de Prades, « qui s'éleva avec le dialecte agenois à une hauteur de talent qui le rapproche presque de Goudouli. » Avec Favre,prieur deCelle- Neuve, Napian, Peyrot de Pradines, Daubasse et Despourrins, tous distingués dans la pastorale ou la description de la vie champêtre, en exceptant l'abbé Favre, le plus original de tous et le plus grand poète burlesque qu'ait jamais enfanté le Midi, nous abordons le dix-huitième siècle. M. Mary Lafon paraît négliger le prieur, « génie trop confiné, dit Sainte-Beuve, qui semble ne voir que Goudelin et lui avant Jasmin, une source jaillissante de joyeuse et rabelaisienne humeur. » Ce n'est pas assez pour l'auteur du Siège de Caderousse, du Trésor de substantioun, excellente comédie, et de l'histoire de Jean-l'ont-pris que de les dire « écrits avec facilité, mais soupoudrés de gros sel gris de la campagne». Nous signalerons un autre oubli plus grave encore de M. Mary Lafon, quant à Nicolas Saboly, le fameux noelliste '. Il est, certes, ridicule, pour une histoire littéraire du Midi, de laisser de côté les cantiques et les noels, « en raison de leur nombre et de l'uniformité imposée par le sujet, » car on a là une des l 1611-1675. Longtemps organiste de Saint-Siffren,'de Carpentras, il mourut béné- ficier de Saint-Pierre en Avignon.