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          NOUVEAUX SOUVENIRS DE PONDICHÉRY                         37
 nité, conversant avec les fleurs qui parfument sa route et les
 oiseaux qui voltigent à ses côtés. Tout à coup un jeune homme,
 beau comme un dieu, lui apparaît. Elle exprime ingénument son
 admiration. Le jeune liomme lui parle le langage mélodieux de la
 passion, et c'est un nouvel enchantement. Un vague instinct de p u -
 deur s'éveille en elle avec l'amour. Elle voudrait fuir, une force
 inconnue la retient. Elle parvient enfin à dissiper le charme, mais
elle ne se retire qu'à pas lents, la tête à demi tournée vers l'appa-
rition, les yeux pleins de rêves et les deux mains sur son cœur
en révolte. Le chœur chantait : « Jeune vierge aux yeux noirs,
reste l'amie des fleurs et des oiseaux. L'amour des hommes est un
mensonge. Ferme l'oreille à leurs discours, fuis leur présence de
toute la vitesse de tes petits pieds, si tu ne veux être bientôt
flétrie et délaissée comme la fleur de lotus dont les abeilles ont
mangé le cœur. Prends garde à toi, Leïla, Leïla ! »
   Au deuxième acte, la virginité de la jeune fille n'est plus qu'un
 souvenir. Elle apparaît transfigurée par l'amour. Ses yeux rayon -
 nent, ses lèvres appellent le baiser, ses bras s'enlacent autour du
 bien-aimé, son sein frémit, tout son corps est imprégné de volupté.
 Le chœur chante : « Fille imprudente, ton amour est le rêve d'une
nuit et la nuit va finir. Tu ressembles au prodigue qui mange
tout son bien d'un seul coup. Le festin est magnifique, mais
 quand l'aurore fait pâlir les lumières, on le chasse de table, et il
s'en va seul dans la campagne silencieuse, la tête lourde, le
cœur brisé. Cours au-devant de ton amant, laisse-le dénouer ta
ceinture, enivre-toi de ton bonheur, le jour est proche. Malheur
à toi, Leïla, Leïla ! »
   Le troisième acte est la réalisation de ces prédictions funèbres.
La jeune fille, abandonnée de son amant, l'aperçoit aux bras d'une
rivale. Elle lui sourit, elle l'appelle, elle déploie pour le ramener
tous les charmes de sa danse, mais l'infidèle passe sans la voir.
Elle supplie les dieux, les dieux sont sourds. Le désespoir la
tuerait, si elle n'attendait pas de l'avenir le remède souverain que
son instinct de femme lui révèle : l'oubli. Le chœur chante : « Tu
as effeuillé ta couronne blanche de jasmin, jamais plus tu ne r e -
trouveras la paix d'autrefois, mais tu peux encore vivre ; l'amour
guérit l'amour. Sèche les larmes qui coulent de tes yeux comme